Le Café en revue "Doc, Doc, Doc, Entrez !" - Du 5 au 10 avril à Villedieu
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« Doc, Doc, Doc, Entrez ! » – Du 5 au 10 avril à Villedieu

par Le Café des Images

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Pour la treizième année, la petite ville de Villedieu-les-Poêles, située dans la Manche, met le documentaire à l’honneur en accueillant du mardi 5 au dimanche 10 avril prochains le festival « Doc, Doc, Doc, Entrez !« , organisé par le cinéma de Villedieu. En 2016, la Ligue de l’Enseignement fête ses 150 ans : pour rendre hommage à son travail de diffusion, seront proposées deux séances ciné-club, avec des films de Robert Flaherty, René Vautier, Luis Bu­ñuel ou Alain Resnais. Le festival étrenne par ailleurs un partenariat avec l’ACID (Association des cinéastes indépendants pour sa diffusion), l’occasion de présenter le travail de cinéastes contemporains tels que Jean-Gabriel Périot, João Pedro Plácido ou Anna Roussillon. Le critique et enseignant bruxellois Patrick Leboutte se saisit de la carte blanche offerte pour présenter le travail de l’association belge Des Images. Enfin, un coup de projecteur bienveillant viendra mettre en lumière la salle d’art et essai dijonnaise L’Eldorado, qui connaît actuellement quelques difficultés. Ce beau programme est également disponible ici dans sa version PDF. Bonne découverte, belles projections.  


Mardi 5 avril :

À 18h15 : L’ÎLE  D’ADOLF
De Patrick Viret et Ludmila Melnikova. France. 2012. 52 mn.
Durant l’été 1940, face à l’invasion des îles anglo-normandes par les troupes allemandes, l’île d’Aurigny se vide de sa population. Début 1942, les Allemands y établissent quatre camps d’internement. Gardé par des SS, celui de Norderney fut réservé à des prisonniers juifs. On compte parmi les déportés de l’île d’Aurigny des Républicains espagnols, des Juifs français « conjoints d’aryennes », des Allemands « asociaux » et des milliers de Slaves de moins de vingt ans, puis, par la suite, des résistants normands et de nombreux Nord-Africains.

ile adolf

À 20h45 : VIVANT !
De Vincent Boujon. France. 2015. 1h20.
Cinq garçons – gays et séropositifs – font le pari de sauter en parachute et de se frotter à cet univers sportif si loin de leur personnalité. Dans ce film drôle et d’une énergie contagieuse, ils vont éprouver cette fraction de seconde où l’on se décide à plonger dans l’inconnu, où l’on prend conscience de l’ampleur du monde et de l’intensité de la vie. Progressivement des liens se nouent dans le groupe et les langues se délient : on parle d’amours et d’avenir. Leur goût pour la vie, ils l’expriment au quotidien avec humour et légèreté, mais les idées reçues sont tenaces 30 ans après l’apparition du VIH dans notre société. Cette expérience nous touche et nous emporte car elle renvoie aux moments décisifs dans la vie de tout un chacun.

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Mercredi 6 avril

À 15h00 : NANOUK L’ESQUIMAU
De Robert Flaherty. France, États-Unis. 2014. VO. S-T/Fr. 1h10.
La vie quotidienne de Nanouk et de sa famille, esquimaux de la région d’Ungawa, sur la rive orientale de la baie d’Hudson (Nanouk en langue esquimau signifie « ours »). La recherche perpétuelle de nourriture exige une vie nomade. L’été durant, ils voyagent sur le fleuve pour pêcher le saumon et le morse. L’hiver, ils trouvent de la nourriture après avoir bien souvent frôlé la famine. La nuit, toute la famille construit l’igloo, puis ils se glissent dans des vêtements de fourrure pour dormir, utilisant leurs habits de jour en guise d’oreiller. Le lendemain, la quête reprend et la vie continue.

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À 18h15 : VOLTA A TERRA
De João Pedro Plácido. Portugal, Suisse, France. 2016. VO. S-T/Fr. 1h18.
À Uz, hameau montagnard du nord du Portugal vidé par l’immigration, subsistent quelques dizaines de paysans.
Alors que la communauté se rassemble autour des traditionnelles fêtes d’août, le jeune berger Daniel rêve d’amour. Mais l’immuable cycle des 4 saisons et les travaux des champs reprennent vite le dessus… Volta a terra pourrait être un hymne nostalgique au Portugal rural, il n’en est rien.

volta a terra


À 20h45 : UNE JEUNESSE ALLEMANDE
De Jean-Gabriel Périot. France. 2015. VO. S-T/Fr. 1h33.
La Fraction Armée Rouge (RAF), organisation terroriste d’extrême gauche, également surnommée « la bande à Baader » ou « groupe Baader-Meinhof », opère en Allemagne dans les années 70. Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques. Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant « les années de plomb ».

une jeunesse allemande


Jeudi 7 avril

À 18h15 : VIVANT !
De Vincent Boujon. France. 2015. 1h20.
Cinq garçons – gays et séropositifs – font le pari de sauter en parachute et de se frotter à cet univers sportif si loin de leur personnalité. Dans ce film drôle et d’une énergie contagieuse, ils vont éprouver cette fraction de seconde où l’on se décide à plonger dans l’inconnu, où l’on prend conscience de l’ampleur du monde et de l’intensité de la vie. Progressivement des liens se nouent dans le groupe et les langues se délient : on parle d’amours et d’avenir. Leur goût pour la vie, ils l’expriment au quotidien avec humour et légèreté, mais les idées reçues sont tenaces 30 ans après l’apparition du VIH dans notre société. Cette expérience nous touche et nous emporte car elle renvoie aux moments décisifs dans la vie de tout un chacun.

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À 20h45 : JE SUIS LE PEUPLE
D’Anna Roussillon. France. 2015. VO. S-T/Fr. 1h51.
« La révolution ? T’as qu’à la regarder à la télé ! », lance Farraj à Anna quand les premières manifestations éclatent en Égypte en janvier 2011. Alors qu’un grand chant révolutionnaire s’élève de la place Tahrir, à 700 km de là, au village de la Jezira, rien ne semble bouger. C’est par la lucarne de sa télévision que Farraj va suivre les bouleversements qui secouent son pays. Pendant trois ans, un dialogue complice se dessine entre la réalisatrice et ce paysan égyptien : lui, pioche sur l’épaule, elle, caméra à la main. Leurs échanges témoignent du ballottement des consciences et des espoirs de changement. Un voyage politique au long cours, profond mais aussi plein de promesses pour le peuple égyptien.

jesuislepeuple


Vendredi 8 avril

À 18h15 : 10949 FEMMES
De Nassima Guessoum. Algérie, France. 2016. VO. S-T/Fr. 1h16.
À Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la Révolution algérienne, me raconte son histoire de femme dans
la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante. Charmante, ironique et enjouée, elle me fait connaitre ses
amies d’antan : Baya, infirmière dans les maquis et Nelly, assistante sociale dans les bidonvilles de la capitale.
À travers ses récits, je reconstitue un héritage incomplet. En interrogeant l’Algérie du passé, je comprends l’Algérie du présent, restaurant une partie de mon identité. Ainsi, l’Histoire se reconstitue à la manière d’une grand-mère qui parlerait à sa petite-fille.

10949_femmes-credit-Nassima-Guessoum


À 20h45 : COMME DES LIONS
De Françoise Davisse. France. 2016. 1h56. 
Ce documentaire raconte deux ans d’engagement de salariés de Peugeot à Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue parisienne, contre la fermeture de leur usine qui employait plus de 3000 personnes. Des immigrés, des enfants d’immigrés, des militants, bref des ouvriers qui se sont découvert experts et décideurs. Ces salariés ont mis au jour les mensonges de la direction, les faux prétextes, les promesses sans garanties, les raisons de la faiblesse de l’État. Bien sûr ils n’ont pas « gagné ». Mais peut-être faut-il arrêter de tout penser en terme de « gain » ? Partant de là, ces deux ans deviennent une tranche de vie exceptionnelle. Un moment d’intelligence collective, de démocratie et d’abord de révélation de ce qu’est à présent devenue la France, un pays en sale état.

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Samedi 9 avril

À 10h00 : Dans les écoles, dans les usines : récits du peuple et paroles ouvrières.
Rencontre avec Françoise Davisse
À 11h00 : DESTINATION DÉPART
Un film collectif initié par Philippe Delgleize.
À l’origine, un projet pédagogique évoquant les conditions et les raisons de l’immigration espagnole à Liège, dans les années 1950. Signe particulier : ceux qui réalisent ce film ont entre 17 et 20 ans, tous élèves de terminale, d’origine turque ou maghrébine pour la plupart. En intégrant au document les traces mêmes de son tournage – plans sur ces étudiants captant le son ou cadrant, puis exprimant ce qu’ils ressentent à l’écoute de témoignages qui, au fond, racontent leur propre histoire – le film ouvre soudain au cinéma, tel un hymne à la transmission entre les générations, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, justifiant pleinement la persistance d’une éducation populaire aux images. (Patrick Leboutte)

destination départ
À 14h30 : 150 ans de la Ligue de l’Enseignement.
TERRE SANS PAIN
De Luis Buñuel. Espagne. 1933. VO. S-T/Fr. 30mn.
Documentaire « touristique » sur une des régions les plus arriérées d’Espagne. On n’y entend pas de chanson, on ne connaît pas le pain, les maisons n’ont ni fenêtres, ni cheminée. La malnutrition et l’insalubrité dominent…

terre sans pain


AFRIQUE 50
De René Vautier. France. 1950. 17mn.
« Immersion cruelle dans une des régions les plus désolées du sud de l’Espagne, « Terre sans pain » reste à ce jour le plus implacable des réquisitoires jamais tournés contre la misère. Attaque en règle contre la politique africaine de la France et authentique brûlot émeutier, « Afrique 50 » est le premier film anticolonialiste de l’histoire du cinéma français. Initié par la ligue de l’enseignement, puis étouffé par l’Etat jusqu’en 1990 (!), il vaudra à son auteur pas moins de 13 inculpations et une condamnation à un an de prison. A bien des égards ces deux films se ressemblent, unis par la même colère froide : mêmes censures et mêmes humiliations, mêmes terres en loques souillées par l’injustice, même violence rugueuse des images et surtout même rôle conféré à la voix en charge de porter le commentaire au plus loin, entre rage à peine contenue et fureur impuissante, jusqu’à ce qu’il atteigne le spectateur en plein cœur et vienne le ronger de l’intérieur. C’est une définition possible du geste documentaire, cet état d’alerte ou de veille : conscience d’arriver trop tard, parce que le mal est fait, mais confiance dans le travail du film pour que le spectateur à sa suite ne laisse pas les choses en leur état, au niveau du constat. » Patrick Leboutte

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NUIT ET BOUILLARD
D’Alain Resnais. France. 1955. 32 mn.
1955 : Alain Resnais, à la demande du comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, se rend sur les lieux où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont perdu la vie. Il s’agit d’Orianenbourg, Auschwitz, Dachau, Ravensbruck, Belsen, Neuengamme, Struthof. Avec Jean Cayrol et l’aide de documents d’archives, il retrace le lent calvaire des déportés.

nuit et brouillard
À 18h15 : MUCHACHAS
De Juliana Fanjul. Suisse, Mexique. VO. S-T/Fr. 1h03.
Née au Mexique, Juliana Fanjul y retourne après des années, à la mort de sa grand-mère. Elle y recroise Remedios, Dolores et Lupita, employées dévouées de sa famille depuis toujours. Pourtant personne ne semble remarquer leur présence… Avec ce film qui rend la parole à ces femmes trop discrètes, la réalisatrice rétablit en douceur un fragile équilibre social.

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À 20h45 : C’EST QUOI CE TRAVAIL ?
De Luc Joulé et Sébastien Jousse. France. 2015. 1h40.
Ils sont au travail. Les salariés d’une usine qui produit 800.000 pièces d’automobile par jour et le compositeur Nicolas Frize dont la création musicale s’invente au cœur des ateliers. Chacun à sa manière, ils disent leur travail. Chacun à sa manière, ils posent la question : alors, c’est quoi le travail?

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Dimanche 10 avril : Carte blanche à Patrick Leboutte

À 10h00 : QUE VIVA ELDORADO
De Christian Blanchet et Frédérique Michaudet. France. 2015.
« Du cinéma direct comme un uppercut décoché pour la bonne cause: sauver une salle de cinéma, sans plus attendre, sans tralalas. L’histoire de deux hommes au fond du trou qui croient encore en la lumière, au paradis sur terre, à l’Eldorado. Une renaissance burlesque du cinéma militant. Du bon usage d’une caméra, avec André S. Labarthe et ses Gitanes maïs en option. » (Patrick Leboutte)

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LETTRE À JEAN
De Marianne Amaré. France. 2013. 4 minutes.
Tourné et monté en une journée, dans un village de Bourgogne, un envoi, un envol, un salut attentif et respectueux à ceux que nous côtoyons tous les jours sans même les considérer.

lettre à jean
À 11h00 : CAP AUX BORDS
De François Guerch. France, Belgique. 2015. 53 mn.
«
Ils se nomment et ils ne se nomment pas, car ils sont étrangers à la parole. On dit d’eux qu’ils sont autistes. Je m’embarque avec ma caméra dans leur vacance, hors des mots, et je me laisse guider sans présumer de ce qui pourra advenir ou non. Une invitation à la rencontre et à la traversée, sur un fil, aux bords du vide. Une présence inoubliable pour qui veut bien les voir. Ce film doit beaucoup aux premières Rencontres de Laignes au cours desquelles furent montrés au public mes premiers rushes, mes premiers essais » François Guerch

cap aus bords


À 14h30 : APRÈS NOUS NE RESTERA QUE LA TERRE BRÛLÉE
De Delphine Federoff. Belgique. 2014. 1h30.
Suite à l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986, il y a tout juste 30 ans, des dizaines de milliers de personnes furent déplacées, par force et souvent contre leur gré. Certaines ont refusé leur nouveau lieu de vie, s’obstinant à s’établir en lisière de la zone interdite, à portée de regard de leur terre comme de celle de leurs aïeux. Des vieux, bien sûr, mais aussi leurs descendants, petits-enfants orphelins d’une Histoire qu’ils ne purent ni écrire ni désirer. La caméra de Delphine Federoff campe à leurs côtés.

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À 16h30 : LA SECONDE FUGUE D’ARTHUR RIMBAUD
De Patrick Taliercio. Belgique. 2015. 1h32.
Une promenade mélancolique le long de la Meuse, en suivant les pas d’Arthur Rimbaud décidant à 16 ans de fuir Charleville pour Charleroi. Avec en toile de fond, cette question criante : qu’advient-il en notre siècle des villes grandies au profit d’industries à présent disparues? Qu’y vit-on ? Quelle réalité, quelles fictions ? Amoureux de ceux qu’il rencontre, Patrick Taliercio dessine le portrait lucide d’une vallée en panne d’industrialisation que des édiles dépassés tentent de redynamiser en montant d’absurdes projets de rénovation urbaine ou de centres commerciaux.

la seconde fugue

À 18h30 : Pôt de clôture.