Le Parrain (Francis Ford Coppola, 1972)

La séquence proposée montre la vague d’assassinats commanditée par le chef mafieux Michael Corleone contre les autres « familles » criminelles new-yorkaises, alors qu’il participe au baptême de son filleul Michaël Rizzi.

Exercice
Analyser les éléments qui relèvent du montage alterné et du montage parallèle.


1. Montage alterné

La concomitance de la cérémonie de baptême et des assassinats est fortement marquée par :
– les gros plans systématiques sur Michael Corleone à l’issue de chaque meurtre, qui le désignent comme commanditaire
– le son off de la cérémonie (musique et paroles liturgiques) qui confère une unité sonore à la séquence, suscitant ainsi un contraste audio-visuel dans les plans de meurtre
– le caractère similaire des exécutions se succédant de manière minutieusement réglée qui évoque un plan d’élimination massive basé sur des meurtres simultanés.


2. Montage parallèle

Le montage de la séquence illustre la duplicité de Michaël Corleone dont la pratique religieuse est représentée comme une façade respectable couvrant ses activités mafieuses. Les paroles liturgiques scandées par Michaël ponctuent ainsi chacune des scènes de meurtre dans un jeu d’opposition évoquant le cynisme du personnage. De manière plus générale, la séquence peut être interprétée comme une dénonciation de la collusion entre l’Eglise et la Mafia par le recours au décalage entre image et bande sonore.

Les plans montrant trois cadavres d’hommes assassinés qui se succèdent au rythme des paroles rituelles du prêtre « In nomine patri, et fili, et spiritus sancti », suggèrent ainsi l’absolution accordée par l’Eglise aux crimes du chef mafieux.