Conférence de Sébastien Thièry
Date de l’événement
Mercredi 1 février 2017
à 18h15
Description
Conférence à 18h15 au resto du Café des Images proposée par la plateforme citoyenne locale pour l’accueil au XXIe siècle des populations migrantes.
Elle sera animée par Sébastien Thiéry. Il est né en 1975, il est docteur en sciences politiques, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais. Avec le designer Ruedi Baur, il développe depuis 2008 un axe de recherche à l’Ensad portant sur la ville et ses représentations, puis il rejoint le comité pédagogique de l’Ecole des Arts Politiques fondée par Bruno Latour à Sciences Po, et participe à la création de l’Université Foraine avec Patrick Bouchain. En 2012, il fonde avec Gilles Clément le PEROU – Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines qui développe des recherches-actions sur les marges urbaines. Auteur de plusieurs livres et films, il est en outre membre du comité éditorial de la revue Multitudes.
Entrée libre.
Extrait d’une interview de Sébastien Thiéry sur le site reinventercalais.org
Le PEROU est un groupe de recherche qui œuvre sur des situations habitées caractérisées par la violence et l’hostilité que collectivement nous y entretenons. Qu’il s’agisse d’individus isolés comme les SDF, de populations dites « Roms » vivant en bidonville ou de migrants fuyant l’inhabitable, le PEROU travaille sur les formes d’urbanité que ceux qui n’ont pas droit au chapitre urbain inventent malgré tout, au mépris de l’hostilité qui prévaut. En nous faisant attentifs aux lieux de vie qui s’inventent à l’ombre de la ville légale, en documentant les constructions qui s’y déploient, les rêves qui s’y affirment, les interactions avec la ville qui s’y jouent, nous cartographions des formes d’habitat non repérées comme telles. En prenant soin de celles-ci, en travaillant à leur accompagnement, à leur amplification, nous suivons l’hypothèse que construire vaut mieux que détruire pour répondre aux questions que ces situations de crise nous posent. En partant de l’existant, nous affirmons la nécessité de considérer l’inscription dans le territoire des personnes en question, contredisant les récits de la catastrophe permettant qu’on les considère hors-sol, sans ressources et sans attaches, autorisant alors toutes les procédures d’éloignement, de déplacement, de placement. Nous refusons l’idée commune qu’il s’agisse là de corps en trop, à prendre en charge, et nous efforçons de faire entendre que vivent là des habitants en plus, dont les interactions avec la ville qualifient, nourrissent, embellissent, potentiellement celle-ci. Nos actions visent ainsi à faire apparaître ces richesses invisibles, à donner la mesure de la fécondité des relations sociales, politiques, commerciales, architecturales, qui se multiplient, en contre-feu des procédures de déni qui prévalent. Nos actions travaillent donc à renverser les représentations, à réformer la langue nous servant à nommer ce qui a lieu.