« Le travail de Bruno Nuytten m’a toujours passionnée. Le projet du film s’est mis en place au Fresnoy, école où j’ai été artiste-invitée pendant une année. Bruno est une personne très secrète qui fuit parfois comme un animal sauvage… La forme du film s’est façonnée avec le temps. Avec comme volonté première de faire entendre Bruno sans représenter sa parole. C’est pour passer en quelque sorte en dessous de cette parole que j’ai décidé de filmer chez lui, alors qu’il était en train de poser du parquet… Assez miraculeusement, la problématique du rapport entre l’art et l’artisanat du cinéma s’est synthétisée à ce moment. C’est un film sur le geste. (…) Bruno a été à l’endroit même et au moment même où un grand chambardement commençait à se produire dans la fabrication des films. Et il l’a senti. Ne plus pouvoir comme il en avait l’habitude passer du temps sur le plateau, faire les fondus-enchaînés à la prise de vues, retoucher en direct telle ou telle partie de l’image en dessinant au feutre sur une vitre entre l’optique et le sujet, ou encore flasher à la prise de vues comme il a pu le faire d’une manière extrêmement audacieuse sur Barocco sont autant de raisons qui l’ont forcé à s’écarter. Perdre cette liberté du geste, pour rentrer plus tard dans l’univers numérique, du “tout sera fait à l’étalonnage”, était impossible pour lui. (…) Il y a aussi un vrai mystère sur l’endroit où il place le réalisateur. » (Caroline Champetier)

Pour aller plus loin, voici une interview de Caroline Champetier sur le site de l’AFC sur son documentaire.

Mardi 19 janvier : Caroline Champetier sera à l’amphithéâtre Pierre Daure, situé sur le campus 1 de l’Université de Caen, pour donner une masterclass sur l’ensemble de sa carrière et la réalisation de ce film-portrait consacré à son éminent confrère Bruno Nuytten.

17h30 : Masterclass de Caroline Champetier.

20h30 : Projection au Café des Images de Nuytten/film en présence de sa réalisatrice Caroline Champetier, suivie d’une rencontre autour du film.

Nuytten/film a été présenté en première mondiale lors de l’édition 2015 du FID Marseille, Festival International de Cinéma, dans la sélection « Histoire de Portraits« . Après la carte blanche offerte en novembre dernier à ce festival, le Café des Images continue de soutenir sa ligne éditoriale audacieuse, qui explore et révèle les facettes les plus riches du cinéma contemporain mondial. Cliquez ici pour découvrir la composition de cette carte blanche de novembre, sélectionnée par Jean-Pierre Rehm, délégué général du FID Marseille.