
Figures menaçantes
Deux contrechamps en raccord regard à partir de Marion mettent en scène deux oiseaux empaillés dont le caractère sinistre est accentué par l’éclairage en ombre portée. Ces plans inaugurent la thématique de la séquence et l’ambiance de malaise diffus qui imprègne l’échange entre Norman et Marion.


Opposition visuelle
Si la conversation est apparemment banale, la mise en scène rend perceptible la menace qui pèse sur Marion par l’opposition visuelle des plans montés en champ-contrechamp sur les deux personnages.
Marion est cadrée frontalement dans une composition équilibrée et bénéficie d’un éclairage homogène. Les lignes du cadres sont horizontales (le dossier du divan) ou verticales (les rideaux). Il s’agit d’une composition structurée, rassurante, sans connotation dramatique ou expressive.
Norman est cadré en contre-plongée et de profil. Il est décentré sur la droite de l’image laissant ainsi vide toute la partie gauche du plan. L’éclairage est fortement contrasté et des ombres se dessinent sur les murs ; le visage même de Norman présente un profil sombre prédominant sur la partie éclairée.

Un dialogue aviaire
Dès le début de la conversation, Norman compare Marion a un oiseau, en référence à son appétit, et indique son goût particulier pour les oiseaux motivé par leur caractère passif. Ces propos apparemment anodins introduisent la thématique du voyeurisme et de l’embaumement propre à Norman.
Marion est par ailleurs légèrement décadrée sur la gauche, pour laisser une place à de petites perruches auxquelles elle est associée. Norman est surplombé par un faisan et un martin pêcheur : un oiseau particulièrement observateur et vif, qu’il caresse machinalement en évoquant le caractère obsessionnel de sa pratique taxidermique.

Ambivalence de Norman
À l’évocation de la mère de Norman, le cadrage, constant jusqu’alors, change brutalement pour laisser place à une contre-plongée inscrivant dans l’angle gauche la figure menaçante de la chouette prédatrice et dans l’angle droit la figure combative du martin-pêcheur. Les paroles de révolte cèdent bientôt la place à la résignation et le mouvement de découragement de Norman efface son oiseau emblématique de l’image.
La composition dynamique du plan confère donc une forme visuelle à l’écrasement de Norman par une mère dominatrice à la fois crainte et révérée.

Des oiseaux petits ou gros
La fin de la conversation, interrompue par la défense véhémente de sa mère par Norman et par l’aveu indirect de son passé psychiatrique est marquée par la présence insistante des oiseaux :
– le martin-pêcheur combatif à la gauche de Norman ;
– le corbeau menaçant sur la droite de Marion tandis que dans un dialogue à double entente elle évoque le piège qui l’enferme.

Norman le prédateur
Tandis que Marion quitte le salon, le visage de Norman vient successivement se superposer à la chouette puis au corbeau à l’ombre portée, dans une métaphore prédatrice. Ce caractère menaçant est confirmée par le sourire entendu en vérifiant le cahier d’entrée : en donnant sa vraie identité à Norman, Marion a contredit le nom d’empreint inscrit dans le cahier. Ce désir d’anonymat la désigne comme vulnérable aux yeux de l’inquiétant Norman.

Dualité de Norman
Dans ce moment d’hésitation de Norman, la composition de l’image évoque sa dualité profonde :
– il est inscrit entre la chouette et le faisan, entre le prédateur et la proie ;
– l’éclairage directionnelle découpe son visage en clair obscur, scindé par moitié entre part lumineuse et obscure ;
– son visage se reflète de manière menaçante dans la vitre au premier plan, dédoublant le personnage.
Le plan exprime donc avec insistance la double nature du personnage, à la fois menacé et menaçant.


Tableaux d’oiseaux
Deux oiseaux sont associés à Marion qui se déshabille dans sa chambre sous le regard de Norman. À l’issue du meurtre, la découverte du cadavre est associée à la chute d’un des tableaux d’oiseaux dans une métaphore transparente de la mort de Marion.