Rencontre avec Myriam Gast-Loup
– par Camille BrunelLes Bêtes sauvages (Éléonore Saintagnan & Grégoire Motte, 2015).
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Cela fait 13 ans que Myriam Gast-Loup, responsable de la programmation du Festival International du Film d’Environnement depuis 2010, participe à ce festival gratuit. Il y a quelques années encore, celui-ci n’aurait sans doute pas vu une file d’attente s’étendre sur plusieurs centaines de mètres, comme ce fut le cas le soir de l’ouverture de la dernière édition. Fictions, documentaires, courts-métrages, rencontres avec les réalisateurs, programmes pour les plus jeunes : le spectre est large, les sujets abordés variés, et la question animale partout. Le FIFE, qui fêtait ses 33 ans cette année, n’est cependant pas une institution monumentale: avec le changement de majorité à la tête de la région, qui a déjà occasionné cette année le décalage du festival de février à avril, la pérennité de ce beau projet citoyen n’a rien d’une évidence. L’on espère cependant le voir reconduit au moins jusqu’à ce que le problème du déréglement climatique soit réglé. Rencontre en sept temps.
1. Définir « environnement »
Combien de films ont été programmés cette année au festival ?
Myriam Gast-Loup: On en a choisi une centaine, plus une quinzaine de webdocs, sur un total de 2000 à 2300 films visionnés.
A chaque fois l’écologie n’est pas un sujet manifeste ou revendiqué: souvent, le mot « environnement » est entendu au sens large, n’est-ce-pas ?
M.G-L. : Oui. On parle du développement durable, du milieu du travail, des enjeux sociaux… Les choses sont très vites emmêlées. Quand Bettina Laville a créé le festival en 1982, cela s’appelait les « Rencontres Environnementales », avec quelques films qui les accompagnaient. Il y avait une dimension délibérément environnementaliste, écologiste. Le festival a évolué vers une forme grand public: l’idée est d’amener le plus varié des publics, et pas seulement les écolos convaincus, vers une réflexion citoyenne. Et on a un volet fiction depuis une dizaine d’années.
A chaque fois, le héros agit sur son environnement, il s’agit plus d’une idée de contact, d’action sur le monde.
M.G-L. : Pas forcément. En fait, il y a deux choses. Soit on a des films avec un fond écologiste, comme par exemple Night Moves, de Kelly Reichardt, qu’on avait eu en compétition il y a deux ans ; ou alors il y a un lien avec la nature ou l’environnement qui nous semble fondamental dans la constitution du personnage. Cette année on avait Les Mémoires du Vent, un film turc d’Özcan Alper, où le réalisateur joue beaucoup sur l’opposition entre la ville, le village, la nature, l’état d’esprit du personnage qui évolue… C’est une région où le brouillard est très important, et dans le film c’est un personnage: il joue sur les rêves. Même un film comme Mékong Stories, de Phan Dang Di, qui se passe à Saïgon, nous intéresse, car il dit beaucoup sur le brouhaha, sur le fait de vivre dans le bruit permanent.
2. Représentation des animaux au FIFE 2016
Où étaient les animaux, cette année?
M.G-L. : Il y a eu de nombreux films sur le sujet. Animal Machine de Bernard Bloch, The Messenger de Su Rynard, sur la disparition des oiseaux et la façon dont les humains ont provoqué la disparition des espèces, modifié les flux migratoires et les écosystèmes; toute la rétrospective Disney Nature; Karen au pays des dugongs, de Franck Sanson, sur une femme qui sauve les dugongs, et ces animaux aussi, de fait ; du côté jeune public il y avait Tracks, de Noemi Velentiny, sur un loup ; Paradise, de David Rodriguez Jaramillo, qui raconte, à travers les yeux d’un phoque, la pollution de la banquise, et Seriously Deadly Silence, de Sara Koppel, qui montre 60 images d’espèces menacées en 60 secondes… On a toujours des films avec des animaux. Après en fiction, c’est beaucoup plus dur…
Il y avait aussi Aloft en clôture, de Claudia Llosa, où le faucon est important. Il y avait cette scène très courte où la mère fait naître des bébés cochons dans un élevage industriel, elle les sort du ventre de la truie avec son bras; c’est assez violent et a priori peu nécessaire, mais on entend ensuite le fils, joué par Cillian Murphy, dire à sa mère: tu m’as fait naître pour me tuer. C’est une façon assez forte d’aligner l’Homme et l’animal. Plus généralement, as-tu l’impression qu’il y a plus de films sur les animaux? Ou que le regard sur eux a changé?
M.G-L. : Ce qui a changé c’est le regard sur l’industrie agro-alimentaire. Mais des films sur les espèces disparues, des films qui interrogent la nature dans la ville, il y en a toujours eu. Ce qui arrive en force, ce sont plutôt les alertes sur l’industrie agro-alimentaire. Les films ne parlent pas forcément de ce qu’on mange, disons qu’ils parlent d’abord du rapport à la souffrance à l’animal, complètement déconnecté de ce qu’il devrait être, quand il doit être mangé.
J’ai vu From Pen To Plate, webdoc finlandais, qui parlait exactement de cela. J’ai beaucoup aimé le côté cruel de l’interactivité ludique, alors qu’on parle de quelque chose d’assez morbide, comme si le film reprenait à son compte la fausse naïveté de la publicité. L’année dernière, il y avait Cowspiracy, de Kip Andersen, documentaire végane militant. Cette année, on a entendu moins de discours radicaux comme celui-ci. Est-ce que c’est parce que cette année il n’y en avait pas? Ou pas d’assez bons? Les documentaires militants sont souvent un peu trop larmoyants.
3. Le problème des documentaires militants
M.G-L. : Il est surtout difficile de trouver un film qui ait un vrai fond, qui soit étayé, qui n’avance pas des faits comme si c’était des vérités absolues. Cowspiracy reposait sur une enquête réelle, des faits assez solides, et sa qualité cinématographique tenait la route.
Il y avait cette chose assez originale qui consistait à mettre les grands organisations écologistes face à leur contradictions. Rien de tel cette année, alors ?
M.G-L. : Il y a eu un film hollandais, Need For Meat, de Marijn Frank, qui est passé à la Berlinale: c’est l’histoire d’une femme qui a recommencé à manger de la viande alors qu’elle n’en mangeait plus. Elle voulait arrêter pour des raisons éthiques, mais elle aime trop ça. Alors elle mène une enquête auprès d’un boucher, etc, etc. On n’a pas pu l’avoir pour des raisons classiques de timing. On arrivait un peu trop tôt par rapport à leur promotion.
Les Hollandais sont assez productifs dans ce domaine. L’année dernière, il y avait See no evil, de Jos de Putter un documentaire sur un sanctuaire pour grands singes « retraités » de l’expérimentation en laboratoires ; il y a eu Wild Boar, de Willem Baptist, sur la chasse au sanglier… A Rotterdam, as-tu l’impression que les animaux sont présentés différemment?
M.G-L. : En Hollande il y a un vrai courant végane qui est très fort.
C’est le pays du Parti pour les animaux, le PvdD.
M.G-L. : J’ai vu des films qui m’ont convaincue, mais le problème avec les films hollandais, c’est qu’ils sont d’abord faits pour du local. Or il y a là-bas des choses qui sont posées depuis longtemps et qui mériteraient parfois un peu plus d’explications de fond par rapport à ce que sait un public français… Un autre film a beaucoup tourné dans les festivals écologistes internationaux, il s’agissait d’un documentaire sur une femme qui élevait son enfant en étant végane. Elle se posait des questions: est-ce que c’est sain pour mon enfant, est-ce qu’il peut avoir une croissance normale ?, etc. Çà manquait de contrepoint. C’est-à-dire qu’il y a la question idéologique, que je peux tout à fait entendre, un point de vue étant un point de vue, mais tout le volet médical éludait complètement les raisons pour lesquelles on peut être convaincu que ce n’est pas possible. Je sais pas si ça l’est ou non, du coup, puisque tout ce qu’on voyait, c’était la mère qui disait: « il y a pas de manque! » Ok, mais explique-moi! En Hollande, ça passe peut-être, mais en France, ça dessert la cause. Personnellement, je ne suis pas une végane à 100%, je mange encore des produits animaux, mais c’est la partie la plus petite de mon alimentation. J’ai réduit considérablement, d’ailleurs surtout pour des raisons écologiques. La question éthique n’est pas résolue à mes yeux. Le premier argument, pour moi, est l’argument écologique.
4. Digression d’ordre philosophique
As-tu croisé des films qui questionnaient le spécisme ou l’antispécisme ?
M.G-L. : Pas vraiment. Des films qui traitent frontalement de philosophie, en dehors de Jean-Luc Godard, il n’y en a pas beaucoup…
Disons, des films qui ne traitent pas l’animal en tant qu’espèce à protéger, mais en tant que somme d’individus, par exemple. Comme les films hollandais…
M.G-L. : Je ne suis pas d’accord avec l’idée d’individu. Éventuellement, je peux entendre que l’animal peut être l’égal d’un homme mais ça n’en fait pas pour autant un individu. L’égalité n’est pas l’indifférenciation. Même si je suis assez convaincue qu’on connaît très peu de choses du monde animal.
Comment peux-tu accepter l’égalité avec l’humain, alors ?
M.G-L. : L’égalité, ce n’est pas de penser qu’on est tous pareils, c’est de penser qu’on est tous égaux. Pour moi, « individu » ne renvoie qu’à l’humain.
Qu’est-ce qui te fait dire cela ?
M.G-L. : Nous sommes tous d’accord pour dire que nous sommes semblables. Je me sens semblable à un Chinois, à un Soudanais, à un Norvégien; je ne me sens pas la même chose, mais je me sens semblable. Je n’ai pas l’impression que je peux communiquer à l’identique avec un animal comme je peux le faire avec un humain, même s’il ne parle pas ma langue…
Cela n’exclut donc pas que les animaux soient des individus, mais entre eux, pour eux.
M.G-L. : Oui, exactement. C’est un groupe à côté de nous. Je m’interroge beaucoup sur ce qu’est l’animal, ce qu’est l’animal pour l’homme, ce qui fait que l’homme l’a mangé… Mais l’argument qui veut que les animaux ont une conscience, et que c’est pour ça qu’il ne faut pas les manger, ne me convainc pas. Je n’en sais rien, moi, si les animaux ont une conscience.
Tu as lu la Déclaration de Cambridge ? C’est à peu près ce qu’elle affirme.
M.G-L. : Oui, oui ! Voilà: je ne suis pas sûre qu’il faille manger les animaux. Mais il y a quelque chose que je trouve un peu agaçant dans certains courants du véganisme, qui consiste à asséner des vérités sur les animaux alors que les scientifiques eux-mêmes n’ont pas de certitudes. Nous en savons très peu sur ce qui se passe dans la tête d’un animal : même les scientifiques antispécistes le rappellent. Or quand tu discutes avec certains véganes, tu retombes très vite dans l’anthropomorphisme. C’est là que pour moi, le terme d’individu me pose problème. Tu ne manges pas l’ours parce que c’est le même que toi ? Pour moi, c’est plus profond, c’est la question du différent qui compte: ce n’est pas parce qu’un ours est différent que c’est un argument pour le manger. Dire que « la vache est proche de moi donc on la mange pas », pour moi, ce n’est pas la bonne réponse. Je chercherais plutôt du côté de : « Même si la vache est très différente, ce n’est pas pour ça que ça m’autorise à la manger ». Ce n’est pas parce qu’elle appartient à une espèce différente et que je peux la manger que ça m’autorise à le faire.
5. Des vertus de la raison
C’est ce qu’écrit Singer dans La Libération Animale: l’antispécisme consiste à prendre également en considération la capacité à souffrir des individus… Des animaux, pardon. Il ne s’agit absolument pas de gommer leurs différences, ou d’ignorer leurs spécificités ! Le dernier Livre de la Jungle est très juste à ce sujet d’ailleurs : à la fin, Mowgli reste dans la jungle, mais apprend à mettre ses capacités d’humain en symbiose avec celles des autres animaux, plutôt que de chercher à les imiter. Mais je vois ce que tu veux dire: de nombreux véganes ont un rapport très sentimental aux animaux, et cela peut passer par une forme d’identification à eux.
M.G-L. : Oui. Je n’ai pas cet attendrissement-là pour les animaux. Pour moi les animaux sont des espèces qui habitent en parallèle des humains.
Le véganisme touchera encore sans doute encore plus de monde quand il sera détaché du côté sentimental, et concernera les gens qui, comme toi, n’ont pas ce rapport sentimental aux bêtes. La rationalisation du mouvement animaliste est ce qui peut lui arriver de meilleur. Y a-t-il tout de même des films que tu as refusés parce que tu les trouvais un peu réacs en la matière?
M.G-L. : Je ne sais plus… Il m’arrive quand même de sélectionner des films avec lesquels je ne suis pas entièrement d’accord, parce qu’ils ouvrent un débat intéressant, comme c’est le cas d’Animal Machine, sur l’évolution de la génétique et les dérives eugénistes dans les élevages industriels.
Je l’ai vu, et je n’ai pas beaucoup apprécié: c’était un film welfariste qui ne remettait en question les élevages industriels que pour se conclure par un éloge très partial des « élevages bio ».
M.G-L. : C’est un problème que l’on trouve souvent. Bien-sûr, il est difficile de trouver des films avec une forme d’objectivité. Tout d’abord parce qu’il est difficile de ne pas être emporté par un sujet.
Oui, les films écolos sont toujours un peu sentimentaux, comme on disait tout-à-l’heure.
M.G-L. : Sentimentaux ou idéologiques. Après, c’est le problème de l’aspiration à une neutralité qui est impossible. Or ça n’existe pas, la neutralité. Tu peux toujours être le plus prudent possible, il restera toujours quelque chose de toi qui va t’échapper ; et il vaut mieux l’assumer, sous peine d’avoir l’air de mauvaise foi.
6. Côté fiction
Et côté fiction, quels films sur la question animale admires-tu le plus ?
M.G-L. : La Planète des Singes, comme tout le monde.
Le dernier épisode, de Matt Reeves, aurait été parfait pour le FIFE. La Planète des Singes: L’Affrontement, sorti en 2014. On voit les singes se mettre à chasser en forêt. Les humains, eux, vivent dans une ville qui a été recouverte par la nature ; ils n’ont plus d’électricité et doivent relancer un ancien barrage sur le territoire des singes. Ils doivent donc doublement composer avec leur environnement : les singes et le barrage. Évidemment, les singes finissent par s’impatienter.
M.G-L. : La question du temps est très peu traitée en cinéma. C’était un peu remis en question cette année, dans Vita Brevis, de Thierry Knauff, et Les Bêtes Sauvages, d’Eléonore Saintagnan & Grégoire Motte : je veux parler de l’idée que l’homme voit tout à la lueur de sa temporalité à lui, alors qu’on ne sait rien du rapport au temps de l’animal.
C’est pareil avec les enfants, qui n’ont pas du tout le même rapport au temps que les adultes. On peut effectivement imaginer que ce soit le cas aussi avec les animaux.
M.G-L. : Dès que tu commences à t’intéresser à d’autres cultures, la place de l’animal est complètement différente. Un bon film sur l’animal, c’est Ladyhawke, de Richard Donner. Au-delà du récit d’amour impossible, ça dit des choses très intéressantes sur l’impossibilité de la rencontre entre l’homme et l’animal. Les animaux peuvent vivre ensemble, les humains peuvent vivre ensemble, les animaux et les humains aussi, mais il y a un décalage, leurs temporalités sont décalées. Cela parle aussi de la nécessité pour l’Homme de se confronter à la mystique animale.
7. Retour sur l’anthropomorphisme
Disons que l’anthropomorphisme est à double tranchant. J’en avais parlé avec Denis Côté à l’époque de Bestiaire. Il me disait: « Je regarde une girafe dans une cage minuscule, et rien ne me dit qu’elle est triste, et si je dis qu’elle est triste, alors je l’anthropomorphise ».
M.G-L. : Exactement !
Eh bien, c’est là que je ne suis pas d’accord. Je pense que ce n’est pas l’anthropomorphiser que de reconnaître qu’elle va mal. L’anthropomorphisme, tel qu’il est invoqué par Côté, n’est qu’un prétexte, une façon finalement assez infondée aussi de se déculpabiliser.
M.G-L. : Ce sont deux choses différentes. Je pense qu’on ne peut pas savoir, mais peu importe. En tout cas, ce n’est certainement pas une raison pour enfermer les girafes. Disons que ce que j’aurais répondu à Côté, c’est qu’il part du principe qu’il ne peut pas savoir, mais qu’il devrait partir du principe qu’on ne fait pas aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. C’est pour ça que je n’ai pas d’animaux domestiques, d’ailleurs. Quand j’étais gamine, j’ai vécu trois ans à la campagne. Mon grand-père avait un chien, qui était toute la journée en vadrouille. Certains soirs, il ne rentrait pas, et mon grand-père lui laissait de la nourriture sur le seuil. Pour moi, c’est le seul rapport possible à l’animal. Aucun fermier ne va paniquer parce que son chat n’est pas rentré au bout d’une heure…
Après, on peut adopter des chats de façon pragmatique, leur épargner le refuge, ou la mort.
M.G-L. : Oui… Ma soeur dit « Maman » quand elle parle d’elle à ses chats, j’ai un problème avec ça aussi. Je lui dis que ça n’a rien à voir avec les enfants: ce ne sont pas ses chats qui paieront sa retraite et lui rendront visite à l’hôpital!
Tu sais, il y a bien ce chien à Edimbourg, Greyfriars Bobby, qui a rendu visite à la tombe de son maître pendant des années après sa mort…
M.G-L. : Tu as vu La Solution Radiochats, de Benjamin Huguet ?
Non…
M.G-L. : Il faut que tu rattrapes tout ça. Tout est en ligne. Je vais te cocher les titres. File-moi ton programme.
Myriam s’empare de mon programme, et coche une liste de films qui constituerait un programme pour enfants parfait -on n’en a pas proposé, aux Animaux du ciné-club, depuis la Nuit Mutisme du mois de décembre. Cela donne :
Tranche de campagne, de Hannah Letaïf (2015) – 7′
Paradise, de David Rodriguez Jaramille (2015) – 5’15
Tracks, de Noemi Valentiny (2014) – 5’03
Seriously Deadly Silence, de Sara Koppel (2015) – 1′
Dans la peau d’une cistude, de Marie Daniel & Fabien Mazzocco (2015) – Webdoc
From Pen to Plate, de Marika Väisänen (2015) – Webdoc
La Solution Radiochat, de Benjamin Huguet (2015) – 14’17
Vita Brevis, de Thierry Knauff (2015) – 40′
Propos recueillis par Camille Brunel le 25 avril 2016, à Paris.