Tour d’Europe des Cinémas – Carnet de route #3
– par Agnès Salson et Mikael ArnalAu Zvezda Cinema, à Belgrade.
Voir les 17 photos
#12 Belgrade
13 septembre – Arrivée à Belgrade et découverte du Zvezda Cinema, l’une des plus vieilles salles de la ville. Le 21 novembre 2014, un groupe composé de réalisateurs, de spectateurs, d’artistes et d’étudiants est entré dans ce cinéma légendaire et a commencé à organiser des projections. Aujourd’hui, leur devise : “Nous sommes ici et le cinéma est à nous”. Depuis, des films indépendants sont diffusés. Manière pour les jeunes artistes qui s’occupent du lieu de lutter contre le phénomène de démolition culturelle et de construire un espace de rendez-vous pour la nouvelle génération de cinéastes serbes.
Lire notre entretien avec Veljko Lopičić et Vladimir Gvojić.
#13 Zagreb
18 septembre – Direction la Croatie où nous visitons le cinéma Dokukino, situé en plein cœur de Zagreb. Inja Korać nous présente cette salle dédiée intégralement au documentaire. Elle est gérée par l’association Restart qui se charge de promouvoir et distribuer des films documentaires sur tout le territoire, d’organiser les programmes éducatifs, et de mettre en place une formation pour la création d’un film documentaire de A à Z.
Ils ont changé de lieu à de nombreuses reprises avant de trouver le bon endroit. Le jour de notre visite, ils déclinent leur identité graphique sur le mur de la salle pour personnaliser cet espace au sein d’un centre culturel qu’ils louent à la ville de Zagreb.
21 septembre – À quelques pas du Dokukino, halte au Kino Europa et sa salle majestueuse. Ce cinéma, l’un des plus vieux de la ville, est aujourd’hui à l’initiative du Zagreb Film Festival. Il héberge un café/bar, une boutique et une structure de distributions de films.
#14 Riejka
22 septembre – Nous continuons notre aventure au sud de la Croatie à Rijeka, au Art Kino, un cinéma des années 1920 qui a rouvert en 2008. Ana Segrt nous présente la multitude d’évènements et d’espaces qu’ils développent. À la rentrée dernière, ils ont mis en place un espace appelé “Mini Arena”. Grâce à des rideaux et à l’installation d’un projecteur numérique au plafond, le hall d’entrée peut se transformer en une mini-salle certains soirs de semaine. Cela leur permet de pallier à une carence d’espace et ainsi de présenter de nouveaux films (documentaires, expérimentaux…) qu’ils n’auraient pas pu diffuser autrement.
Ils recueillent après chaque séance les impressions des spectateurs par le biais des tickets de cinéma, qui comportent au dos un espace pour noter le film. Un moyen de re-programmer les films favoris du public, de faire gagner des cadeaux ou encore de partager sur les réseaux sociaux le top du mois !
#15 Ljubljana
26 septembre – Le Kinodvor a traversé les âges sans cesser de se réinventer. Ils ont fêté l’an dernier les 90 ans du cinéma et ont organisé, pour la sortie du film Grand Budapest Hotel, une projection pop up dans l’un des plus anciens hôtels de la ville, le Grand Hotel Union.
#16 Udine
28 septembre – À quelques dizaines de kilomètres de Venise, nous nous arrêtons pour une journée dans la petite ville d’Udine. Marco Villotta nous accueille au Visionario, à quelques rues de la place centrale de la ville. Ils disposent d’un large espace extérieur, d’un magasin, d’une médiathèque, d’un bar et de trois salles de cinéma.
Chaque année, ils organisent le Far East Film Festival : un festival de films asiatiques populaires dont le succès est chaque fois au rendez-vous. Pour promouvoir les nombreuses séances et les évènements, en investissant toute la ville, ils détournent des affiches politiques et mettent en place de panneaux routiers en direction de villes situées à l’autre bout du monde.
#17 Nuremberg
1er octobre – Nous prenons un train cap vers Nuremberg où le froid commence à se faire sentir. Halte au cinéma Casablanca, une salle de quartier située à quelques minutes du centre de la ville, dans une zone résidentielle. En 2009, lors du passage au numérique, ce lieu aurait pu fermer car il n’était plus estimé assez rentable par son ancien propriétaire. Les spectateurs se sont alors réunis pour sauver ce cinéma. Il ne leur reste plus qu’un projecteur 35mm, tous les sièges ayant été vendus du jour au lendemain.
1er octobre – Ils reprennent l’activité avec une gestion non lucrative sous la forme de comités (pour la gestion, la programmation et le bar) et font appel aux spectateurs pour sponsoriser l’achat de fauteuils (en échange d’une plaque à leur nom au dos du fauteuil). Aujourd’hui, ce cinéma est soutenu par plus de 700 membres.
#18 Prague
5 octobre – En route vers la République Tchèque. Premier arrêt à Prague au cinéma Světozor où nous avons rendez-vous avec Radim Habartík. Le temps d’un café, il nous raconte l’histoire du lieu actuellement géré par AeroFilms qui s’occupe de 5 autres cinémas dans le pays et qui possède une structure de distribution.
Ce cinéma abrite un magasin vendant d’anciennes affiches de films tchèques mais aussi des tee-shirts de football à l’effigie de réalisateurs célèbres comme Michael Haneke ou Gus Van Sant et des chaussettes au style inspiré de l’univers de Wes Anderson. Pour dynamiser l’activité de leur cinéma, ils ont redécoré leur café avec deux espaces aux atmosphères distinctes, une à l’honneur de Shining de Stanley Kubrick (avec la tapisserie à fleurs RedRum), l’autre en clin d’œil à Twin Peaks de David Lynch (carreaux noir et blanc et rideaux rouges).
Escale au Bio Oko. Dans sa salle aux chaises longues, les spectateurs peuvent venir manger un brunch devant l’écran. Lors de la AppParade, des développeurs viennent présenter leurs dernières applications au public. Le cinéma draine le public jeune de ce quartier trendy de Prague.
Dernière étape du jour au Kino Aero, situé de l’autre côté de Prague dans le quartier Prague 3. Le programme scolaire du réseau AeroFilms est installé dans cet espace. Ils organisent de nombreux ateliers pour créer des films mais aussi des camps d’été dans un chalet à la campagne où les enfants découvrent pendant 10 jours comment faire un film de A à Z.
Autre particularité du lieu, pour pallier à une chute d’entrées il y a quelques années, ils ont décidé de créer une séance de film surprise chaque dernier mardi du mois (Aero Naslepo, qui signifie « séance à l’aveugle »). Si les spectateurs ont déjà vu le film, ou ne sont pas convaincus par le début, ils peuvent sortir de la séance et demander une bière. Pour ceux qui décident de rester jusqu’à la fin, le prix est libre : les spectateurs décident de payer ce qu’ils veulent pour le film qu’ils viennent de voir.