

Analyse du générique
Le célèbre générique de Saul Bass multiplie les variations à partir de quelques motifs graphiques et musicaux pour annoncer la thématique du film sur un mode métaphorique. Cette orchestration formelle annonce en effet de manière expressive et abstraite la dissociation mentale meurtrière de Norman Bates :
– des lignes horizontales et verticales grises sur fond noir parcourent l’écran en alternance : elles se croisent ou se déploient à partir du milieu de l’écran vers des directions opposées. Ces lignes traversent l’écran suivant un rythme décalé avant de composer des grilles parfaitement symétriques ;
– les lettres des mentions du générique sont décalées voire fracturées : le titre Psychose inaugural est découpé en trois parties horizontales dont la partie centrale se décale de manière mécanique ;
– les cordes de la bande musicale de Bernard Hermann orchestrent la circulation des motifs visuels, dans un jeu de dissonances dramatique entre tonalités graves et aigües, lignes mélodiques et coups d’archets obsessionnels.
Outre sa dimension thématique, ce générique répétitif et éprouvant annonce la structure narrative d’un film scandé par des scènes de violence dans le cadre coercitif du motel Bates et de la maison gothique attenante. Alternant les effets de surprise et de suspense, le film déstabilise son spectateur par son originalité formelle et sa mécanique implacable, à l’instar de son générique inaugural.