Motifs de Paul Verhoeven
– par Raphaël NieuwjaerSpetters (Paul Verhoeven, 1980).
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« Motifs de Paul Verhoeven » se veut autre chose qu’une collection d’images rapprochées selon un principe de similitude. Son modèle n’est pas celui de la taxinomie. Entendu en ce sens restreint, il apparaîtra en effet lacunaire : d’une part parce qu’il manque bien des motifs (le corps radiographié, le corps et le lieu réduits à l’abstraction d’un point et de lignes, le Sphinx et la pyramide, etc.), et d’autre part car ceux qui sont ici déployés pourraient souvent être complétés (les masques, les yeux mutilés, etc.).
Un tel travail relève plutôt d’une proposition critique, ou d’une étude visuelle – soit une étude de l’image (animée) par les moyens de l’image (fixe). Ainsi, les montages fonctionnent selon plusieurs modalités : la similitude, la progression, le déplacement, l’opposition, la translation, le jeu de regard, etc. A chaque fois, il s’agit de voir comment les motifs, les figures, les compositions ou la plastique de l’image travaillent, tantôt en se répétant, tantôt en s’entrechoquant, à se métamorphoser – à produire de la différence.
Si tout est lié, les rapports peuvent ainsi se faire entre des choses très lointaines. Les montages sont à la fois synchroniques (par planche) et diachroniques (entre les planches). Un exemple : l’œil dans la choucroute devient, par défilement vertical, un visage couvert d’excréments, puis de la nourriture pour le RoboCop. Les liens de la nourriture, du corps et du déchet sont mis en tension, horizontalement, d’une autre façon encore : jeu sur le proche et le lointain, l’humain et le non-humain, l’opaque et le transparent, la coulure et l’éclatement; etc.
Aussi espère-t-on que, dans ses meilleurs moments, ce livret sollicite l’imagination – puisque c’est bien sûr dans les écarts, entre les images et entre les planches, que la création se joue.
Voici « Motifs de Paul Verhoeven ».[1]
[1]Ce livret est publié conjointement sur la revue en ligne Débordements.