Présentation

La première rencontre entre Arnaud et Madeleine met en place une confrontation entre les deux personnages qui annonce le caractère conflictuel de leur relation. Cette séquence constitue une mise à l’épreuve de la virilité d’Arnaud (et plus largement des rôles sexués), dans l’opposition entre le comportement dominant de Madeleine et l’attitude défensive d’Arnaud.

Activité

Relever les comportements d’Arnaud et de Madeleine qui inversent les stéréotypes de genre.


Premier plan : Arnaud et l’armée

Au début du premier plan, Arnaud referme la porte d’un camion de recrutement militaire où il a reçu des brochures et des « goodies ». Ce plan introduit le contexte du combat avec Madeleine : la campagne d’animation marketing organisée par l’armée sur les plages. L’image met aussi en évidence l’opposition entre la tenue estivale d’Arnaud et les uniformes des guerriers en action sur les affiches placardées dans son dos. Ce contraste initial annonce la distance du personnage avec l’univers virilement martial dans lequel l’entraînera Madeleine.


Un personnage flottant

Un long plan d’accompagnement en caméra portée suit Arnaud qui cherche ses copains sur la plage. Son allure dégagée, le caractère indéterminé de son parcours et le flottement de l’image installent un personnage à la fois vacant et disponible au monde alentour. Cette indécision initiale le présente, au début du film, comme un personnage indéfini avant la rencontre décisive avec Madeleine.


Une parade de virilité

Arnaud retrouve ses amis participant à une session de self-défense organisée par l’armée. Les encouragements des spectateurs et le comportement fanfaron de Xavier à l’issue du combat témoignent du statut de parade de virilité de cet affrontement : « Vous avez vu ce que je lui ai mis, là ? » L’échange de vannes entre Victor et Xavier sur l’âge de l’adversaire, qui tempère le succès, met en place la relation d’amitié ludique entre les trois personnages.



Un double bind

Arnaud est engagé malgré lui dans un combat perdu d’avance : vaincre une fille représenterait un succès piteux et se faire battre constituerait une humiliation publique, source de moqueries sans fin. Cette situation inédite instaure en effet deux contraintes contradictoires :
– en tant que combattant, il doit faire preuve d’agressivité et de maîtrise pour affirmer son identité virile ;
– en tant que garçon, il ne peut se montrer brutal vis-à-vis du « sexe faible » sans s’exposer à une réprobation générale.

La difficulté de la situation est très explicite dans la mise en scène de ce plan :
– il est le centre des regards des garçons, mais aussi des jeunes filles : son prestige est en jeu ;
– Madeleine est cadrée en amorce, dans une composition qui met en évidence sa domination physique (épaule carrée, occupation du cadre) et psychologique (la dureté de son regard) sur Arnaud.



Un combat inversé

Le déroulement du combat a opéré une inversion des rôles sexués :
– Madeleine surprend Arnaud par sa maîtrise du judo et sa pugnacité « virile » ;
– Arnaud en est réduit à la mordre pour sauver la face : une défense du faible réservée aux filles et parfaitement déloyale dans ce contexte.

La réplique de Xavier qui ponctue de manière comique la séquence témoigne du travail sur la question du genre :  » Si c’est ça les meufs, cet été… » Si Madeleine ne correspond pas au modèle de séduction attendu sur les plages, le regard d’Arnaud témoigne de la naissance de son intérêt. Son attirance pour elle est sans doute précisément suscitée par le comportement singulier de cette amazone, en rupture avec son univers quotidien très normé.


Une virilité flapie ?

Ce dernier plan montre le désœuvrement des trois copains, essayant de gonfler le radeau publicitaire distribué par les militaires pour barboter sur la plage. Ce plan dessine le portrait de trois jeunes hommes velléitaires, qui draguent sans conviction (Xavier), rêvent de départ lointains (Victor) ou se résignent à poursuivre l’entreprise familial (Arnaud). Le radeau dégonflé peut ainsi être interprété comme la métaphore de leur impuissance au sein d’un monde désenchanté. La personnalité revendicatrice de Madeleine catalysera au contraire l’énergie d’Arnaud, l’engageant à troquer le radeau gonflable et l’abri de jardin pour l’entraînement militaire et le combat pour la survie.