Fiche technique
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Peter Benchley et Carl Gottlieb
Musique originale : John Williams
U.S.A – 1975 – 2h04
Interprétation
Martin Brody : Roy Scheider
Bart Quint : Robert Shaw
Matt Hooper : Richard Dreyfuss
Lorraine Gary : Ellen Brody
Synopsis
Sur la plage de la station balnéaire d’Amity, on découvre le corps mutilé d’une jeune femme. Pour Martin Brody, le chef de la police, il ne fait aucun doute que la jeune fille a été victime d’un requin. Il décide alors d’interdire l’accès des plages mais se heurte à l’hostilité du maire uniquement intéressé par l’afflux des touristes. Pendant ce temps, le requin continue à semer la terreur le long des côtes et à dévorer les baigneurs….
PRÉPARER LA PROJECTION
Steven Spielberg
Steven Spielberg est le réalisateur le plus célèbre de l’industrie cinématographique hollywoodienne. Ses films ont acquis une reconnaissance critique et publique par leur sens du spectacle, leur inventivité formelle et l’articulation de thèmes intimes et universels. La vidéo proposée évoque des motifs caractéristiques de son œuvre.
Propositions d’activités
– relever cinq motifs, trois musiques et trois acteurs évoqués dans la vidéo.
– établir collectivement la filmographie de Steven Spielberg par genres : aventure, science-fiction, fantastique, film historique.
Ressource complémentaire
Ciné-club de Caen : filmographie commentée de Steven Spielberg
Le premier blockbuster
Le terme blockbuster désigne des films de divertissement privilégiant les effets spectaculaires à la complexité narrative, conçus pour le succès auprès du plus large public. La notion renvoie aussi à un modèle économique de diffusion et de promotion des films, inauguré par Universal à l’occasion de la sortie des Les Dents de la mer et reposant sur deux stratégies complémentaires :
– un budget de promotion publicitaire très important : spots télévisés, affiches et produits dérivés.
– la distribution massive des copies dans la plupart des salles de cinéma.
L’impact culturel des Les Dents de la mer entraîna la réalisation de suites et le film constitue une source de référence constante sous la forme d’allusions ou de parodies. Il a par ailleurs connu de nombreux « sequels » à petits budgets, jouant de manière revendiquée avec les codes de l’œuvre originale à destination d’un public d’amateurs
Ressource complémentaire
Blow Up : les requins au cinéma
Pistes d’observation
Suggérer le monstre
La suggestion du danger est une composante essentielle du cinéma d’horreur. Relever dans le film les procédés utilisés pour indiquer la présence du requin sans le montrer.
Images du requin
Le requin fait l’objet de représentations visuelles omniprésentes dans le film. Relever six occurrences.
Phobie aquatique
Martin Brody, le personnage principal, a la phobie de l’eau. Observer les enjeux dramatiques liés à ce trait psychologique au sein du récit.
ANALYSE DU FILM
Suggérer et montrer
Les Dents de la mer développe deux stratégies de mise en scène distinctes et concurrentes. L’une relève de la suggestion et occupe la première moitié du film : elle concerne les attaques du requin aux bords de l’île d’Amity ; l’autre relève de la monstration et coïncide essentiellement avec la deuxième moitié du récit, lorsque Brody, Hooper et Quint embarquent sur l’Orca pour chasser la bête en pleine mer. Ainsi, le monstre reste d’abord invisible, tapi dans le hors champ, et ses attaques sont orchestrées à partir de l’alternance de son point de vue (sous l’eau) et de celui des victimes ou des témoins (sur l’eau ou sur la plage). Au milieu du film, sa première apparition a lieu lorsqu’il tue un homme dans l’estuaire où se trouve aussi l’un des fils de Brody, et c’est précisément ce qui décide le policier à monter l’expédition maritime. Dès lors, le requin ne cesse de surgir hors de l’eau pour surprendre les protagonistes, avant son explosion libératrice
La pulsion de voir
Comme tous les grands films d’épouvante, Les Dents de la mer déploie sa mise en scène en mettant à l’épreuve la pulsion scopique du spectateur, c’est-à-dire son désir de voir et le plaisir qui en résulte. Cette pulsion est particulièrement prégnante au cinéma en raison du dispositif même de la projection, qui place le spectateur en position voyeuriste, dissimulé dans l’obscurité de la salle et ignoré des personnages qui s’animent à l’écran. Et c’est l’ambivalence de cette position que souligne Steven Spielberg en nous forçant à adopter, à plusieurs reprises, le point de vue du requin : dans le même temps, nous désirons voir et ne pas voir le déchaînement de la violence, et nous partageons par là même la responsabilité de sa représentation spectaculaire.
Face à la peur
L’histoire que raconte Les Dents de la mer est aussi – et peut-être d’abord – celle d’un homme ordinaire, Martin Brody, époux et père de famille banal, qui se retrouve en situation d’affronter deux formes de peur : l’une, collective et motivée par les attaques du requin, affecte toute la communauté d’Amity Island, ainsi que les touristes, dont Brody doit assurer la sécurité en tant que chef de la police ; l’autre, intime et jamais vraiment élucidée, est sa propre peur de l’eau, dont on sait seulement qu’elle remonte sans doute à un traumatisme d’enfance, lié à une noyade. Le personnage principal assure ainsi l’articulation entre une « peur externe » et une « peur interne » ; plus exactement, il rend possible leur confusion, le glissement de l’une à l’autre, ce qui brouille la distinction entre objectivité et subjectivité de la représentation.
Représentations du requin
Si le requin tueur qui terrorise Amity Island n’apparaît vraiment à l’écran qu’au bout d’une heure de film, lors de l’attaque de l’estuaire, il n’en est pas moins omniprésent, mais d’une autre manière. En effet, tout au long desDents de la mer , de nombreuses images renvoient au requin en son absence même ou alors qu’il est invisible, et elles participent ainsi directement à la montée de l’angoisse, apparaissant comme autant de signes du danger qui plane sur la communauté. Il peut s’agir d’images représentant d’autres requins, de plans signalant la présence du monstre sous l’eau grâce à un objet flottant à la surface, ou encore des mâchoires qui ornent la cabane de Quint et la boutique de souvenirs. Ces images fonctionnent comme des figures de substitution, qui s’appuient sur des relations de ressemblance, de contiguïté ou d’inclusion, à l’instar – respectivement – de la métaphore, de la métonymie et de la synecdoque dans l’ordre du langage. En ce sens, on peut considérer Steven Spielberg comme un rhétoricien de l’image cinématographique.
Ressources complémentaires
Analyse du motif des mâchoires
Le jeu des influences
Le film de Spielberg emprunte des motifs formels à d’autres films dans un savant travail de réécriture. Le réalisateur s’est en particulier inspiré de l’œuvre d’Hitchcock en se réappropriant des procédés élaborés par « le maître du suspense » afin de diriger habilement les émotions du spectateur.
Ressources complémentaires
CNC : livret enseignant
Transmettre le cinéma : analyses de séquences
LAAC Auverge Rhône-Alpes : dossier pédagogique
Dvd Classik : analyse du film