
Contexte dramatique
Le récit est introduit dès le générique par les actualités relatant l’enlèvement d’un enfant au Texas, d’abord en voix off, puis en son in au quatrième plan, désignant Roy Tomlin comme l’auteur du délit par l’affichage à l’écran de sa photo d’identité. Le journal télévisé assure ainsi une mise en place très directe de la situation dramatique, présentée in medias res, en lui conférant une portée nationale. L’absence d’explicitation des motivations de l’enlèvement et le laconisme des personnages contribuent à installer une forte tension dramatique dès les premiers plans du film.

Le premier plan
Le film s’ouvre sur un judas obturé par du chatterton que Lucas décolle pour regarder à l’extérieur. Ce motif initial est significatif à plusieurs niveaux :
– dramatique : le plan introduit d’emblée la clandestinité de criminels poursuivis par la police, développée dans la suite de la séquence par la lumière tamisée et les rideaux fermés.
– thématique : il amorce le thème de l’obturation des sources lumineuses, dangereuses pour Alton, qui s’en protège par des lunettes de plongée jusqu’à la moitié du film.
– symbolique : le judas bouché constitue une métaphore visuelle évoquant une vision limitée du monde, en écho aux croyances dogmatiques et aux peurs humaines face à l’inconnu. Le récit nous place d’emblée dans un univers où l’information est fragmentaire , engageant personnages et spectateurs dans une quête difficile vers la vérité. Ce motif sera repris de manière significative lors de la séquence de la révélation d’Alton à Sarah et Lucas , marquée par l’enlèvement des cartons occultant la lumière.

Présentation des personnages
Roy et Lucas sont caractérisés par leur détermination commune, soulignée par la mise en valeur de leurs gestes et leur laconisme. Le personnage d’Alton est traité comme un enfant joueur dont le déguisement annonce de manière détournée les pouvoirs surnaturels :
– la lumière qui émane du drap qui le recouvre évoque une figure fantomatique.
– les lunettes de plongée et le casque introduisent son allergie à la lumière et ses capacités extrasensorielles. Le contraste du rouge et du bleu, associé à la lecture de comics, annonce l’association du personnage à Superman.

Traits génériques du thriller
Le départ du motel mobilise les codes réalistes du thriller de cavale pour impliquer le spectateur par une forte tension dramatique : fuite dans la nuit, armes des personnages, musique lancinante, bande-son alarmiste de la radio et insistance sur la réceptionniste qui les dénonce aux autorités. L’étirement de la scène de départ dans l’obscurité contribue à épaissir la sensation de mystère. Les derniers plans du prologue, montrant la voiture s’enfoncer dans la nuit, constituent une ponctuation dramatique forte : Lucas chausse des lunettes comparables à celles d’Alton, lui permettant de percer l’obscurité avant d’accélérer dans un vrombissement de film d’action annonçant un saut dans l’inconnu.