Fiche technique

Réalisation : Jérémy Clapin
Scénario : Jérémy Clapin et Guillaume Laurant
Montage : Benjamin Massoubre
Musique originale : Dan Lévy
France – 2019 – 1h20

Voix originales
Hakim Faris : Naoufel
Victoire du Bois : Gabrielle

Synopsis
À Paris, Naoufel tombe amoureux de Gabrielle. Un peu plus loin dans la ville, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. S’engage alors une cavale vertigineuse semée d’embûches, entre passé et présent, afin de retrouver le fil d’une histoire brisée.

PRÉPARER LA PROJECTION

Jérémy Clapin, le corps en question

Né le 13 février 1974 à Paris, Jérémy Clapin débute sa carrière comme graphiste et illustrateur, avant de réaliser son premier court-métrage d’animation, Une histoire vertébrale, qui évoque la rencontre amoureuse entre un homme et une femme souffrant de malformations inverses du cou. Dès sa première œuvre, le réalisateur manifeste son intérêt pour les situations insolites et l’expression de la difficulté d’être au monde. Son film suivant, Skhizein raconte ainsi l’histoire d’un homme percuté par une météorite qui le sort de lui-même et Palmipedarium, son troisième opus, évoque l’amitié entre un enfant et un canard difforme. J’ai perdu mon corps, adaptation du roman de Guillaume Laurant, raconte le parcours difficile d’un jeune homme amputé de sa main, en alternant les registres de la chronique réaliste et de l’odyssée fantastique.

Ressource complémentaire
 Palmipedarium

Pistes d’observation

Un double parcours
Le film alterne entre la chronique réaliste de la vie d’un livreur maladroit et le parcours rocambolesque d’une mystérieuse main coupée. Observer la manière dont ces deux parcours sont liés dans le film, notamment par le montage.

Un film d’aventure fantastique
La mise en scène du périple de la main dans Paris emprunte aux genres du film fantastique et du film d’aventure. Relever les scènes qui vous semblent pertinentes dans cette perspective.

Motifs symboliques
Plusieurs motifs symboliques apparaissent à plusieurs reprises dans le film. Interpréter les éléments suivants : la mouche, la main, la grue et l’igloo.

ANALYSE DU FILM

Une identité morcelée

J’ai perdu mon corps repose sur la mutilation du corps comme métaphore d’un désarroi existentiel. Tel un chirurgien, Jérémy Clapin ampute le corps de Naoufel, pour suggérer une identité « morcelée », personnifiée par sa main coupée. Oscillant entre son enfance au Maroc et sa vie difficile en France, le récit adopte une structure fragmentaire pour « disséquer » la vie du jeune homme. Cette quête de soi prend place au sein d’un voyage spatio-temporel dans lequel Naoufel et sa main, en montage parallèle, se confrontent à l’hostilité du monde dans l’espoir d’un salut inatteignable. Le motif de la main constitue la représentation d’une introspection à la fois psychique et sensorielle, témoignant de la résilience de Naoufel face au double traumatisme de la mort de ses parents et de son amputation.

Questions
– Relever les éléments qui annoncent la suite du récit dans cette première séquence énigmatique.
– Analyser la mise en scène de la mouche et interpréter son sens métaphorique.

Un film d’aventure urbain

J’ai perdu mon corps représente un Paris à la fois réaliste et quotidien, laissant une large place aux motifs de la circulation à travers les livraisons de Naoufel. Le réalisateur porte une attention particulière aux espaces marginaux et nocturnes, auxquels le parcours de la main, par le jeu des grosseurs de plans confère une dimension insolite et dangereuse. Les escalators, camion-poubelles et le métro y apparaissent comme autant de machines à broyer et la faune animale (rats et pigeons) comme des monstres à affronter au sein d’un parcours relevant du film d’aventure. Dans sa détermination à survivre, la main incarne le versant fantasmatique des difficultés de Naoufel face aux frustrations du quotidien, dans un jeu de correspondances constant entre les trajets des deux personnages.

Questions
– Relever les codes du film d’aventures dans la mise en scène du périple de la main.
– Relever les correspondances entre le parcours de la main et celui de Naoufel et justifier le choix de la boîte de raviolis comme déguisement.

Surmonter le deuil

La trajectoire douloureuse de Naoufel est dominée par le deuil rémanent de ses parents, constamment rappelé par l’enregistrement de l’accident. L’acte d’enregistrer constitue pour le personnage un moyen d’échapper à son mal-être par un rapport distancié au monde mais aussi la cause des deux accidents qui déterminent son existence. On peut considérer à cet égard que la main amputée représente cette part manquante du personnage poursuivi par un deuil impossible, qui obère sa capacité à vivre. La dernière séquence du film apparaît dès lors comme l’aboutissement d’un trajet initiatique douloureux en offrant la perspective de briser la névrose d’échec du personnage : « Rien ne peut être changé, à moins de faire quelque chose d’imprévisible et d’irrationnel : seul moyen de conjurer le sort pour de bon… Tu marches et tu fais un écart, et hop, tu sautes dans la grue ! »

Questions
– Analyser le rôle du son dans la séquence proposée.
– Interpréter la dernière image de la main : une trace dans le sable.

Ressources complémentaires

  CNC : livret enseignant
  Canopé : dossier pédagogique
  Dossier de presse
 CNC : la genèse du film

Texte : Meera Perampalam | Coordination éditoriale : Renaud Prigent | Publication : Café des Images / Normandie Images