Les Magnétiques | Fiche pédagogique interactive
Fiche technique
Réalisation : Vincent Maël Cardona
Scénario : Vincent Maël Cardona, Romain Compingt, Chloé Larouchi, Maël Le Garrec, Rose Philippon et Catherine Paillé
Photographie : Brice Pancot
Musique : David Sztanke
France, Allemagne – 2021 – 1h39
Interprétation
Philippe : Thimotée Robart
Marianne : Marie Colomb
Jérôme : Jospeh Olivennes
Synopsis
Une petite ville de province au début des années 80. Philippe vit dans l’ombre de son frère, Jérôme, le soleil noir de la bande. Entre la radio pirate, le garage du père et la menace du service militaire, les deux frères ignorent qu’ils vivent là les derniers feux d’un monde sur le point de disparaître.
PRÉPARER LA PROJECTION
Vincent Maël Cardona
Vincent Maël Cardona est né en Bretagne en 1980. Il intègre le département réalisation de la Fémis et réalise un premier court-métrage remarqué Coucou-les-Nuages (2010). Les Magnétiques est son premier long-métrage, récompensé par le César du meilleur premier film en 2022.
« Le projet est né d’un sentiment d’éloignement entre mon ressenti du monde actuel et celui de ma petite enfance. Je suis donc parti sur une idée de reconstitution, non pas d’une époque, mais de sensations de mes souvenirs de cette époque. Les souvenirs d’un oncle qui me porte dans ses bras, d’une manière de parler de mes cousins, de cette campagne d’où je viens. Du monde d’avant. Du monde analogique. À travers un récit initiatique, j’avais envie de célébrer le crépuscule du monde d’avant l’arrivée du numérique. »
Ressource complémentaire
Dossier de presse : entretien avec Vincent Maël Cardona
Pistes d’observation
Motifs radiophoniques
La relation entre les deux personnages principaux, Philippe et Marianne, s’exprime par l’entremise d’instruments radiophoniques. Relevez ces motifs en précisant leur fonction dans le récit.
Un récit initiatique
Le parcours de Philippe s’inscrit dans le cadre d’un récit initiatique : le jeune provincial effacé s’affirme à l’occasion des péripéties du récit. Relevez les étapes principales de son évolution.
La musique rock
Le rock des années 80 contribue de manière décisive à inscrire Les Magnétiques dans son cadre historique. Quel rôle la musique joue-t-elle pour la génération 80 à travers les personnages de Jérôme et Philippe ?
ANALYSE DU FILM
Un couple magnétique
Philippe et Jérôme sont les piliers de « Radio Warsaw », la station pirate qu’ils ont créée dans une sous-pente de leur petit village de province. Sur les ondes, les deux frères font la paire, bien que dans la vie, l’un soit l’exact contraire de l’autre. L’aîné, Jérôme, est un tribun infatigable, un véritable héraut du micro à la faconde étourdissante ; tandis que Philippe, très timide et réservé, s’épanouit en retrait, à l’abri des potentiomètres de la console de mixage. Entre l’opérateur de l’ombre et l’animateur flamboyant, il y a Marianne, la petite amie du grand frère que Philippe va séduire par sa virtuosité technique. Le réalisateur multiplie ainsi les motifs radiophoniques pour évoquer aussi bien l’éclosion du désir que la déclaration amoureuse. Micros, haut-parleurs, consoles de mixage et bobines constituent autant de médias désignant le couple comme « les magnétiques » annoncés par le titre.
Question
Relever les motifs radiophoniques exprimant l’attirance entre Philippe et Marianne.
Rock anglais 70-80
La période fin 70-80 a vu l’émergence de plusieurs mouvements musicaux sur la scène rock anglaise tels que le punk, le post-punk, le new wave et le rock gothique. Manifestant une grande diversité de styles et de thèmes, les groupes de rock anglais étaient caractérisés par des paroles politiquement engagées, une attitude non-conformiste et l’expression d’une énergie brute qui ont captivé l’imagination de la jeunesse britannique.
« Ce qu’on a essayé de faire entendre par la musique, c’est comment une certaine jeunesse tournait le dos aux années 70, à une croyance en nos capacités collectives à changer les choses et à réinventer des modèles… Ils en tiraient une grande tristesse, et en même temps, ils trouvaient une nouvelle énergie qui était à l’œuvre dans la scène underground et qui était celle du « Do it yourself », cette idée qu’il fallait faire les choses par soi-même et à notre échelle, ici et maintenant.» (Vincent Maël Cardona)
Question
Par quels moyens la mise en scène exprime-t-elle le caractère libérateur de la musique des années 70-80 ?
Ressource complémentaire
Bande musicale originale du film
Performances musicales
Les performances sonores de Philippe sont directement inspirées de la musique minimaliste apparue dans les années 60 : retour à une harmonie consonante, répétition de phrases musicales et pulsation régulière. Terry Riley a ainsi expérimenté plusieurs techniques de manipulation de bandes magnétiques pour produire des effets de répétition à l’aide de boucles : jeu sur les fréquences, variation de la vitesse de rotation des bandes et recours au collage aléatoire. La séquence de déclaration à la BBS mixe donc les références musicales en convoquant la variété française, le rock britannique et la musique expérimentale par la citation de Pendulum Music de Steve Reich. À cet égard, la diffusion radiophonique, outre son rôle de restitution du contexte, est pleinement intégrée dans la narration par l’appropriation créative de Philippe, à la fois comme moyen d’expression artistique et mode de communication avec Marianne.
Question
Comment s’exprime la maîtrise radiophonique de Philippe ?
Ressources complémentaires
Music For The Gift de Terry Riley
Pendulum Music de Steve Reich
Musique et adolescence
Que demande la jeunesse ? Du rythme, des riffs, de la mélodie, un refrain à emporter qui puisse guider, réconforter ou soulager. En bref, l’adolescence est avide de musique avant toute chose, comme un accord majeur avec le monde, qui se cherche et se trouve souvent dans l’écoute compulsive des disques élus, parce qu’ils parlent mieux que quiconque et que les sons saturés des guitares ou ceux des synthétiseurs débridés demeurent de précieux sésames pour trouver son propre chemin. Dans les trois films retenus ici, la musique que l’on joue ou celle que l’on écoute cristallise les principaux enjeux dramatiques tout en intervenant de manière cruciale dans la construction de soi et la revendication identitaire :
– À bout de course, Sidney Lumet, 1988
– Pump Up The Volume, Allan Moyle, 1990
– High Fidelity, Stephen Frears, 2000
Crédits
Texte : Youri Deschamps
Coordination éditoriale : Renaud Prigent
Publication : Café des Images / Normandie Images