Fiche technique
Réalisation : Jeff Nichols
Scénario : Jeff Nichols
Musique : David Wingo
Photographie : Adam Stone
États-Unis – 2016 – 1h51
Interprétation
Roy : Michael Shannon
Alton : Jaeden Martell
Lucas : Joel Edgerton
Paul Sevier : Adam Driver
Sarah : Kirsten Dunst
Synopsis
Roy et son fils Alton, doté de pouvoirs surnaturels, sont poursuivis par des fanatiques religieux et les agences gouvernementales à travers tout le pays. Le père d’Alton risque tout pour sauver son fils et lui permettre d’accomplir un destin qui pourrait bien changer le monde.
PRÉPARER LA PROJECTION
Jeff Nichols : questions de famille
Le sujet proposé par le magazine Entrée Libre de France 5 présente Midnight Special en l’inscrivant dans la filmographie de Jeff Nichols : Shotgun Stories (2007), Take Shelter (2011), Mud (2012), Loving (2016). Derrière la variété des genres abordés dans les cinq films réalisés par Nichols, son œuvre manifeste une grande constance dans l’évocation de thèmes intimes et autobiographiques : la croyance, la préservation de la famille, le Sud des Etats-Unis.
Ressource complémentaire
Ciné-club de Caen : filmographie commentée de Jeff Nichols
Pistes d’observation
Jeu avec les genres
Midnight Special joue avec plusieurs genres classiques du cinéma américain : thriller politique, road-movie, film fantastique et film d’anticipation. Relever les aspects caractéristiques de ces différents genres dans le film.
Le travail de la lumière
Le contraste entre lumière et obscurité structure le récit du point de vue dramatique et symbolique. Observer l’évolution de l’éclairage dans le film et la fonction métaphorique de la lumière.
Une histoire familiale
La question intime de la responsabilité familiale est au cœur des films de Nichols. À travers le parcours de Roy, quel est le discours de Midnight Special sur la paternité ?
ANALYSE DU FILM
Jouer avec les genres
Midnight Special s’inscrit dans une double thématique récurrente dans le cinéma classique américain :
– le héros solitaire poursuivi par les agents de l’État au cours d’un récit palpitant, illustré notamment de La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959) à Le Fugitif (Davis, 1993) en passant par Marathon Man (Schlesinger, 1976).
– le thème de l’enfant voyant, en contact avec les forces surnaturelles grâce à son innocence préservée, illustré par Shining (Kubrick, 1980) et Sixième Sens (Shyamalan, 2000) sur le versant fantastique et par E.T. (Spielberg, 1982) et Le Magicien d’Oz (Fleming, 1939) sur le versant merveilleux.
L’originalité du film se situe dans sa manière singulière d’inscrire une double problématique intime dans les codes du cinéma de genre à vocation spectaculaire : l’attachement viscéral d’un père pour son fils et la question de la croyance au surnaturel.
Symbolique de la lumière
La mise en scène de la lumière dans Midnight Special accompagne le déroulement du récit. À la nuit mystérieuse accompagnant la fuite d’Alton succède la phase diurne qui nimbe d’une lumière surnaturelle la recomposition de la famille et l’avènement d’une civilisation harmonieuse. L’éclairage revêt donc dans le film une dimension dramatique, mais aussi symbolique : les pouvoirs d’Alton sont associés à une lumière fascinante qui le désigne comme l’Élu d’une puissance supérieure. S’inscrivant dans la tradition biblique, le film décline donc l’association entre la lumière et la vérité, la vision et la croyance, en réinvestissant ces motifs classiques à la fois sur le mode du spectacle, mais aussi de l’interrogation intime sur le lien familial.
Un autre monde
De nombreux films de science-fiction montrent le surgissement de mondes extra-terrestres sur la Terre et leurs conséquences sur les populations. La Guerre des mondes (Spielberg, 2005), Monsters (Edwards, 2013) ou Independance Day (Emmerich, 1996), mettent ainsi en scène la terreur provoquée par une invasion destructrice. En travaillant la mise en scène, de l’espace (dans tous les sens du terme) Midnight Special propose au contraire une représentation du non-terrien à la fois pacifiste et écologiste, tout en conservant le caractère spectaculaire traditionnellement associé au genre.
Un cinéma sous influences
Jeff Nichols revendique l’héritage du cinéma d’anticipation des années 80 dans Midnight Special, en particulier de Steven Spielberg dont les films allient le goût de la science-fiction et le questionnement des liens familiaux. Les extraits proposés témoignent de cette double thématique :
– Rencontre du 3ème type (Steven Spielberg, 1977) évoque l’obsession d’un homme obsédé par la vision d’une soucoupe volante.
– Starman (John Carpenter, 1984) raconte le parcours d’un extra-terrestre poursuivi par l’État pour retrouver son monde d’origine.
– Take Shelter (Jeff Nichols, 2011) narre les troubles familiaux et communautaires occasionnés par les visions d’apocalypse de Curtis La Force, interprété par Michael Shannon.
Ressources complémentaires
CNC : livret enseignant sur Midnight Special
LAC Hauts-de-France : page ressources – textes et vidéos
Transmettre le cinéma : vidéos d’analyse