Scarface d’Howard Hawks (1932)

Ce film emblématique d’Howard Hawks évoque l’accession au pouvoir de Tony Camonte au sein de la mafia de Chicago dans les années 20. Scarface est directement inspiré de la biographie d’Al Capone, qui devait à une large cicatrice sur la joue son surnom de « Balafré ». Le massacre de la Saint-Valentin (14 février 1929), évoqué dans cette séquence, est le dernier épisode de la guerre des gangs qui opposa les mafias irlandaises et italiennes de Chicago.
Cette séquence est citée dans deux scènes de Certains l’aiment chaud : la fusillade du corbillard au début du film et la scène du massacre dans le garage.


Une mise en scène épurée

La purge orchestrée par Camonte contre le gang rival est mise en scène avec un remarquable sens de l’épure qui en souligne la violence :
– succession de fusillades montées cut séparées par de courtes ellipses en fondu enchaîné
– dépersonnalisation des protagonistes : les victimes sont réduites à des corps mitraillés ou des ombres portées dont la mort est ponctuée par des cris de femmes ou des aboiements de chiens hors-champ.
De manière symétrique, les tueurs demeurent hors-champ : ils sont désignés par la mitraillette et la voiture métonymiques ou une voix menaçante hors champ. Cette mise en scène confère un caractère mécanique au massacre au sein d’une guerre-éclair menée sans états d’âme.


Le motif de la croix

Chacun des assassinats est associé à une croix présente dans le champ. Deux interprétations complémentaires :
– chaque croix correspond à une coche au sein d’une liste établie par le gang. Elles achèvent la dépersonnalisation associée aux ombres portées en réduisant les adversaires à leur statut de cible ;
– la croix renvoie au motif de la balafre cruciforme de Tony Camonte : ces assassinats portent la signature mortifère du chef mafieux.