Présentation

Une analyse de quelques références significatives de Certains l’aiment chaud au film de gangsters (Scarface et Little Caesar) et à la comédie américaine (7 ans de réflexion et Monkey Business).

Propositions d’activité
À quelles séquences de Certains l’aiment chaud, les extraits proposés peuvent-ils être associés ?
Indiquer les modes de référence utilisés pour chaque extrait : allusion, pastiche ou parodie.



7 Ans de réflexion de Billy Wilder (1955)

7 Ans de réflexion (1955) est une comédie de Billy Wilder. Richard Sherman est un publicitaire dont la solitude estivale est troublée par l’irruption d’une ravissante voisine.

Références dans Certains l’aiment chaud
La mythique scène de la bouche de métro fait l’objet d’une autocitation ludique dans Certains l’aiment chaud sous la forme d’un jet de vapeur à la gare. L’érotisme de Marilyn subjugue les musiciens comme le spectateur, et le souffle d’air, pressurisé au non, se fait l’adjuvant de désir de la dénuder, auquel elle se prête ici volontiers, en toute ingénuité.

L’allusion est présente de manière plus subtile quand Jerry se plaint des courants d’airs sous sa robe et quand, lorsqu’il affirme que tout le monde le regarde, Joe lui rétorque  » Avec tes jambes, ça m’étonnerait. »



Monkey Business d’Howard Hawks (1952)

Chérie, je me sens rajeunir (1952) est une comédie loufoque d’Howard Hawks. Cary Grant y incarne un chimiste lunatique obsédé par la recherche d’une formule d’un produit cosmétique de rajeunissement.

Références dans Certains l’aiment chaud
Le modèle du milliardaire inoffensif (non agressif sexuellement) décrit par Sugar dans la séquence des confidences est une allusion au personnage de séducteur involontaire incarné par Cary Grant dans ce film. Marylin y incarne son rôle emblématique d’ingénue tentatrice, dévoilant ses charmes avec une innocente désinvolture.

Le jeu de Tony Curtis en Shell Junior reprend sous la forme du pastiche l’interprétation de Cary Grant : les lunettes à double foyer, le comportement décalé et l’accent du Middle West.

Joe comme Jerry pratiquent par ailleurs de manière systématique une mimique inventée par Cary Grant : la compréhension à retardement. Cary Grant marque en effet à deux reprises l’étonnement par un temps d’arrêt en détournant la tête. Exemple : quand Jerry voit Shell Jr, sur la plage, il se détourne dans un premier temps, avant de s’arrêter subitement dans sa course.




Scarface d’Howard Hawks (1932)

Toni Camonte exerce une surveillance jalouse sur sa sœur Francesca, qui est amoureuse de son complice Guido Rinaldo, interprété par George Raft. Dans cette séquence, les deux amoureux bravent l’interdit pour exprimer leurs sentiments par le truchement de la pièce fétiche que Guido fait sauter en l’air tout au long du film. Cette manie sera associée au comédien George Raft, qui interprète Staps dans Certains l’aiment chaud.

Référence à Certains l’aiment chaud
On pourra demander aux élèves de repérer dans Certains l’aiment chaud la référence précise à cette séquence : Staps, agacé, agresse un jeune gangster qui lance une pièce à l’entrée du « festival d’opéra italien », et lui demande où il a appris ce « tour minable ». Il s’agit évidemment d’un clin d’œil de Wilder au célèbre rôle incarné par Raft dans Scarface.

De manière plus générale, Certains l’aiment chaud recourt de manière très régulière aux surnoms, motif caractéristique du film de gangsters :
– Staps Colombo :  » Les guêtres »
– Toothpick Charlie : Charlie Cure-Dents
– Chef mafieux : Le Petit Bonaparte
– Sugar Kane : Sucre de cane
– Sweet Sue : Sue la Douce

Une pièce symbolique
L’aumône faite au joueur d’orgue de barbarie exprime une déclaration réciproque : Guido fait de la pièce jetée par Francesca son nouvel objet fétiche. Cette séquence s’inscrit dans l’écriture du cinéma muet par l’expressivité du geste, mais aussi l’attention aux visages filmés en longs champs contrechamps.

Hawks rejoue ici la célèbre scène du balcon, emblématique des amants séparés par un interdit familial. À cet égard, la croix en fer forgé qui sépare les personnage symbolise la menace que Tony Camonte représente pour les deux amants.


Little Caesar de Mervyn Leroy (1931)

Little Caesar de Mervyn Leroy (1931) est l’une des œuvres fondatrices du film de gangsters, dont le thème constant est l’ascension puis la chute d’un chef mafieux.

Références dans Certains l’aiment chaud
– Le « Petit Bonaparte » qui préside le « congrès d’opéra italien » dans Certains l’aiment chaud renvoie au titre de Little Caesar, et de manière comique à la taille de personnage éponyme joué par Edward G. Robinson. Le personnage fait l’objet d’un traitement parodique par sa gestuelle empruntant à Mussolini et son sonotone. Notons que le rôle du petit Bonaparte avait dans un premier temps été proposé à Edward G. Robinson, qui déclina en raison des ses relations exécrables avec Georges Raft, l’interprète de Staps.
– Les guêtres du personnage sont reprises sous forme de clin d’oeil par Wilder pour construire le personnage de Staps, qui partage l’autorité souveraine et l’élégance affichée de Rico Bandello, le « petit César ».