La Tortue rouge | Dossier pédagogique

Fiche technique

Réalisation : Michael Dudok de Wit
Scénario : Michael Dudok de Wit et Pascale Ferran
Musique : Laurent Perez Del Mar
France / Belgique / Japon – 2016 – 1h21

Synopsis
À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

Michael Dudok de Wit

Dans l’entretien proposé, Michael Dudok de Wit évoque les étapes de l’élaboration de son film, de l’idée première jusqu’à l’animation. Il met en avant l’influence du studio d’animation Ghibli dans l’esthétique de La Tortue rouge du double point de vue de la sensibilité à la Nature et du goût pour le dépouillement des compositions.

Ressource complémentaire
 Fondation Gan : entretien avec Dudok de Wit sur la fabrication du film
  Ciné-club de Caen : filmographie commentée de Michael Dudok de Wit

Pistes d’observation

Le cycle de la nature
Relevez tous les motifs qui renvoient à l’idée de cycle naturel dans le film : vie-mort, disparition-naissance.

Père et fils
Le père et le fils connaissent deux trajectoires symétriques. Relevez les analogies et contrastes entre leurs destins.

Symbolique de la lumière
Relevez des exemples significatifs de la valeur métaphorique de la lumière au cours du récit.

Épreuve et renaissance

La Tortue rouge reprend le motif classique du naufragé sur une île déserte sans s’attacher cependant aux conditions matérielles de la survie de ce dernier. Détaché de ces contingences, le personnage se trouve dans une forme de « nudité existentielle », face à l’essentiel, c’est-à-dire dans son essence humaine, parmi la nature. L’épreuve qui est la sienne n’est pas la survie, mais la vie même. Elle suppose de lui une prise de conscience.
À chaque instant, le film dispose devant le personnage – et devant le spectateur – les signes invitant à cette révélation. Si l’enjeu peut en échapper à la première vision, c’est que le réalisateur mise sur des variations sur ce thème pour que se révèle progressivement la profondeur du moment présent où réside le sens – le mystère – de l’existence.

Métamorphose

Au cœur du film, il y a un mystère, celui de la métamorphose. Pourquoi la tortue rouge se transforme-t-elle en femme ? Le réalisateur, délibérément, n’apporte pas de réponse, du moins univoque. La question reste ouverte, prête à réfléchir le sens que chaque spectateur y projettera. L’œuvre agit ainsi comme un miroir. La métamorphose peut renvoyer à la dimension mythologique du récit et faire écho à l’œuvre d’Ovide et plus encore d’Homère. Comme Ulysse, le naufragé de La Tortue rouge n’est-il pas retenu par amour dans une île par une femme ? Mais c’est alors un Ulysse sans Ithaque qui renonce au retour. La métamorphose peut s’interpréter également comme un changement de regard de l’homme sur la tortue, elle-même vue comme une personnification de la nature ou de sa propre condition.

Père et fils

Humain dans son apparence physique, l’enfant ne possède pas moins une double nature que l’épreuve du passage sous-marin va lui révéler. Rapidement, il apparaît que le fils dépasse le père, non pas selon un « progrès linéaire », mais selon un principe de spirale dont le motif apparaît au gré des répétitions de situation et des élargissements de point de vue. Le film expose une vie humaine dans son entièreté par l’emboitement de deux trajectoires symétriques : celle du père depuis son arrivée dans l’île à l’âge adulte jusqu’à sa vieillesse et sa mort ; celle du fils depuis sa naissance jusqu’à son départ de l’île. Il quitte le rivage comme son père y était parvenu, à la nage. Mais alors que le naufragé était un « homme à la mer », perdu dans un élément hostile, et à peine rescapé d’une tempête, le fils, lui, prend le large serein, confiant en lui – conscient de sa double nature – dans une mer calme et lumineuse, accompagné par les tortues.

Ressources complémentaires

  CNC : livret enseignant sur La Tortue rouge
  Le Rayon vert : analyse du film
 Transmettre le cinéma : entretien et analyse vidéo
 Père et fille : court-métrage de Michael Dudok de Wit