Fiche technique
Titre : Le Sommet des dieux
France/Luxembourg – 2021 – 1h35
Réalisation : Patrick Imbert
Scénario : Patrick Imbert d’après l’œuvre de Jiro Taniguchi
Direction artistique : David Coquard Dassault
Musique : Amine Bouhafa
Synopsis
À Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l’on pensait disparu depuis des années. Il semble tenir entre ses mains un appareil photo qui pourrait changer l’histoire de l’alpinisme. Et si George Mallory et Andrew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, le 8 juin 1924 ? Seul le petit Kodak Vest Pocket avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait livrer la vérité. 70 ans plus tard, pour tenter de résoudre ce mystère, Fukamachi se lance sur les traces de Habu.
PRÉPARATION DE LA SÉANCE
Le film et son réalisateur
Patrick Imbert est un réalisateur et animateur français spécialisé dans le cinéma d’animation. Né en 1970, il commence sa carrière en collaborant à divers projets d’animation, notamment en tant qu’animateur et directeur de l’animation pour Ernest et Célestine (2012), et Le Grand Méchant Renard et autres contes (2017) qui reçoivent le César du meilleur film d’animation. En 2021, Patrick Imbert réalise Le Sommet des dieux, une adaptation ambitieuse du manga de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura. Le film est salué dans de nombreux festivals et marque une étape importante dans la carrière de Patrick Imbert, confirmant son talent pour allier profondeur narrative et maîtrise visuelle.
Pistes d’observation
La passion de l’alpinisme
Le film met en scène la passion des personnages pour la montagne. Analyser les représentations de l’alpinisme montrées dans le film : compétition sportive, passion pour la conquête des sommets ou quête existentielle.
Le Vest pocket
La recherche de l’appareil photo disparu de Gaorge Mallory, un célèbre alpiniste du début du 20ème siècle, constitue le fil directeur de l’intrigue. Relever ses apparitions dans le film et analyser sa signification.
Le motif de la disparition
Le thème de la disparition des personnages traverse Le Sommet des dieux. Analyser la manière dont ces disparitions sont évoquées par la mise en scène.
ANALYSE DU FILM
Au risque de l’alpinisme
Le Sommet des dieux tient à la fois du film de montagne par son approche réaliste et documentée de l’alpinisme, du thriller par la tension narrative qu’il instaure autour de l’enquête journalistique sur l’appareil photo de Mallory et de la méditation sur la passion de la montagne. Ces trois dimensions sont à l’œuvre dès le prologue du film, véritable matrice du récit qui introduit de manière concise et mystérieuse le fantôme de Mallory, héros énigmatique de l’histoire de l’alpinisme. La structure du récit, d’une grande cohérence, est fondée sur la répétition d’épisodes dramatiques d’ascension qui marquent d’une dimension mortifère la passion alpine : Mallory, Habu, Buntarô et Hase connaissent tous un destin tragique. La fascination pour la montagne est ainsi représentée, au-delà de la performance sportive et de la reconnaissance médiatique, comme une ascèse personnelle apportant un sentiment d’accomplissement au risque de la mort. Le motif récurrent de la disparition fonctionne à cet égard comme le signe constant de l’ambivalence de la montagne, à la fois espace d’exaltation vitale et puissance indomptable peuplée de fantômes.
Ressource pédagogique
Diaporama : structure narrative et motifs formels
Habu, un personnage mystérieux
Le personnage de Habu se distingue par son caractère farouche qui se manifeste dès sa première apparition lorsqu’il a récupéré de manière violente le Vest Pocket. Il se montre autoritaire, perfectionniste, sans égard pour Inoué après l’escalade de la « dalle des démons » puis furieux d’avoir été dépassé par son rival Hase. Le récit permet cependant de susciter l’empathie pour ce personnage. En contradiction avec son discours intransigeant, il vient en aide à Fukamashi lors de l’ascension de l’Everest et l’envoi périodique d’argent à Ryoto, témoigne du sentiment d’une dette morale suite à la mort de Buntarô, qui s’exprime avec force dans l’apparition fantastique du jeune garçon au cours de la chute dans les Alpes. La figure solaire de Fukamashi constitue un contrepoint lumineux au personnage sombre et torturé d’Habu, dont les doigts amputés matérialisent le prix de son combat sans fin avec la montagne. Le personnage conserve son mystère tout au long du film, comme emblématique d’une vocation exclusive pour l’alpinisme comme épreuve de soi, dont le dernier plan du film indique la transmission à Fukamashi.
L’adaptation du manga
L’adaptation du manga de Taniguchi a représenté un défi important pour l’équipe d’animation. D’une bande dessinée foisonnante de 1600 pages, les auteurs ont tiré l’essentiel, élaguant les intrigues secondaires pour se focaliser sur le récit initiatique d’un homme qui va découvrir que l’escalade n’est pas qu’un exploit sportif. En termes de transposition visuelle au cinéma, les auteurs restent fidèles au dessin original de Taniguchi tout le simplifiant afin de permettre l’animation des personnages et des décors dans une démarche réaliste.
Ressources complémentaires
CNC : livret enseignant
Wild Bunch : Dossier de presse
France Culture : article d’analyse
CNC : capsule d’analyse du film
LAAC Auvergne-Rhönes-Alpes : capsule d’analyse du film