Présentation

Les bagarres spectaculaires constituent une figure obligée du film d’espionnage. Elle y revêt une forme chorégraphique par l’enchaînement rapide des coups, les acrobaties des personnages et la destruction jubilatoire du décor de l’action. À cet égard, Hazanavicius reprend largement le modèle du OSS 117 de Hunebelle tout en imprimant à la séquence un rythme beaucoup plus soutenu par la nervosité du montage et la variété des cadrages. La fidélité au modèle est cependant subvertie par de nombreux éléments de distanciation ironique qui confèrent à la séquence une forte dimension parodique.


Musique et bruitage

L’action est accompagnée par une musique mêlant cuivres et motifs orientaux. Les motifs mélodiques des cuivres renvoient au music-hall : ils ont vocation à souligner la dimension chorégraphique de l’action mais aussi à la dénoncer comme un spectacle. Les motifs orientaux ont une fonction contextuelle faisant référence à l’Egypte comme lieu exotique de l’action de manière appuyée. Les coups échangés sont par ailleurs amplifiés par des bruitages aussi sonores qu’artificiels. L’utilisation de la bande sonore, qui recoure à des effets de mickey mousing, souligne donc le caractère de « spectacle » de ce combat et sa nature irréaliste.



Figures de la distanciation

Le réalisateur introduit des interruptions au sein de la scène témoignant de l’aspect ludique de ces scènes de bagarres :
– OSS 117 adresse à la princesse Al Tarouk un aparté satisfait : « J’aime me battre ». La dimension du « jeu de la bagarre » est clairement énoncée, renvoyant au caractère puéril d’OSS 117.
– le sourire de commisération de la princesse témoigne de son indifférence au combat. L’ennui qu’elle manifeste au cours de la séquence introduit un contrepoint ironique qui dénonce la bagarre comme topos narratif vidé de tout enjeu dramatique.
La séquence illustre donc la double dimension du terme « détournement » revendiqué par Hazanavicius qui mêle le respect de l’original et sa dénonciation parodique.