Fiche technique
Réalisation : Michel Hazanavicius
Scénario : Jean-François Halin et Michel Hazanavicius
Photographie : Guillaume Schiffman
France – 2006 – 1h39
Interprétation
Hubert Bonisseur de la Bath : Jean Dujardin
Lamina El Akmar Betouche : Bérénice Bejo
La princesse Al Tarouk : Aure Atika
Synopsis
Égypte, 1955, le Caire est un véritable nid d’espions. Tout le monde se méfie de tout le monde, tout le monde complote contre tout le monde : Anglais, Français, Soviétiques, la famille du Roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, secte religieuse qui veut prendre le pouvoir. Le Président de la République Française, Monsieur René Coty, envoie son arme maîtresse mettre de l’ordre dans cette pétaudière au bord du chaos : Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117.
PRÉPARER LA PROJECTION
Espionnage et fantaisie : OSS 117 et agent 007
OSS 117, Le Caire nid d’espions revisite sur le mode parodique les films d’espionnage à succès des années 60 : la série française des OSS 117 et la série américaine des James Bond. Les bandes-annonces proposées témoignent des aspects principaux de ces films de divertissement mêlant aventure et humour :
– un espion viril et séduisant affrontant avec décontraction des ennemis politiques dans des pays exotiques.
– une intrigue fondée sur la succession de péripéties spectaculaires : bagarres, poursuites et traquenards.
Questions aux élèves
– Relever les points communs entre les personnages et situations montrés dans les bandes annonces.
– En quoi le personnage d’OSS 117 incarné par Dujardin est-t-il décalé face à ses modèles ?
Ressources complémentaires
Wikipedia : OSS 117
Wikipedia : James Bond
Michel Hazanavicius : le grand détournement
Dans l’entretien proposé, Michel Hazanavicius définit le thème principal de son film : la dénonciation comique des clichés, notamment politiques. A cet égard, OSS 117 s’inscrit dans le sillage de son œuvre précédente, La Classe américaine, un film de montage (« mash-up ») reposant sur le détournement ludique de films classiques. Ce téléfilm parodie l’univers viril du cinéma d’aventures américain par le doublage fantaisiste et volontiers ordurier des séquences originales.
Proposition d’activité
Extrait : La Classe américaine
Relever les effets de décalage dans cette séquence de La Classe américaine : montage, doublage, dialogue.
Ressources complémentaires
Wikipedia : La Classe américaine
Ciné-club de Caen : filmographie commentée de Michel Hazanavicius
Pistes d’observation
Pastiche et parodie
Le pastiche désigne l’imitation fidèle du style d’une œuvre par opposition à la parodie qui implique une déformation à caractère comique. Relever dans le film des situations à caractère parodique.
Stéréotypes
Le film a pour thème la dénonciation des clichés d’après son réalisateur. Relever les répliques et situations comiques reposant sur les stéréotypes sexistes, racistes et homophobes véhiculés par le personnage principal.
Un homme, un vrai
Le héros d’OSS 117 témoigne d’une virilité triomphante en toutes circonstances. Relever les situations qui ridiculisent son comportement machiste.
ANALYSE DU FILM
Pastiche et clins d’œil
Le pastiche dans OSS 117 revendique la fidélité au modèle original sur le mode de la reprise ludique des motifs esthétiques et des modes de tournage utilisés dans le cinéma de l’époque. Ce recours à des procédés très datés dans une œuvre contemporaine crée un effet de soulignement ironique des conventions expressives du cinéma des années 50. L’effet de décalage temporel relève à la fois de l’imitation et de la transformation : le flash-back est un peu trop sépia, la nuit américaine trop voyante, le jeu trop appuyé, etc. Le recours au pastiche est complété par la citation de scènes célèbres de films d’espionnage, notamment ceux d’Hitchcock. OSS 117 s’inscrit ainsi dans une pratique générale du clin d’œil reposant sur des références partagées avec le spectateur.
Ressources complémentaires
Wikipedia : OSS 117, Le Caire nid d’espions : un hommage aux années 50
Détournement parodique
OSS 117 reprend de manière littérale le schéma narratif des films d’espionnage : des ennemis très identifiables (les nazis, les Russes, des fanatiques), une intrigue alambiquée et improbable, des alliés ambigus, des femmes tour à tour traîtresses et amoureuses, un héros invulnérable et décontracté… À l’intérieur de ce cadre contraint, le film tourne en dérision tous les topoï du genre : outrance des scènes de séduction, combat de boue entre rivales, dialogues codés de manière absurde ou scènes de bagarres surjouées. Cette démarche parodique déforme donc jusqu’à la caricature les conventions du genre, pour constituer la matière principale d’un film qui revendique le détournement des clichés.
Stéréotypes colonialistes
Le principal ressort comique du film réside dans le décalage entre le personnage d’Hubert, pétri des valeurs de la France des années 50 et le monde qui l’entoure. Hubert ne comprend pas l’hostilité suscitée par les stéréotypes sexistes et colonialistes dont il émaille ses propos en toute innocence. La puérilité du personnage, son absence d’intelligence des situations, permet de garantir a priori une lecture au second degré de ses propos douteux comme expression de la bêtise du personnage. Si Hazanavicius insiste sur l’importance de «sécuriser les vannes » portant sur les stéréotypes racistes, il prend cependant le risque, comme pour tout discours ironique, d’une lecture tendancieuse.
Amitiés viriles
L’amitié virile est un motif récurrent des films classiques qui mettent en valeur des héros masculins : westerns, films d’aventure et d’espionnage. Il s’agit toujours de montrer que deux hommes se reconnaissent dans une forme de complicité « naturelle » fondée sur des valeurs partagées : courage, prestance physique, sens du devoir, etc. Le film d’Hazanavicius s’attache à ridiculiser ces conventions de la représentation masculine hollywoodienne à travers le personnage d’OSS 117. Sa virilité surjouée est constamment mise en question de manière parodique, notamment dans les flash-backs évoquant son amitié avec Jack Jefferson, identique à celle qui unit Herman au colonel Moeller.
Ressources complémentaires
CNC : livret enseignant
LAC Normandie : analyse du film par Barbara Laborde
LAC Franche-Comté : dossier pédagogique
Academia : analyse de la réception d’OSS 117 par Laurent Jullier
Mise au point : le cas Jean Dujardin par Delphine Chedaleux
Forum des images : « Dujardin forever », conférence de Carole Desbarats