Rêves d’or | Dossier pédagogique

Fiche technique

Réalisation : Diego Quemada-Diez
Scénario : Diego Quemada-Diez, Lucía Carreras et Gibrán Portela
Photographie : Maria Secco
Mexique-Espagne – 2013 – 1h48

Interprétation
Sara : Karen Martinez
Juan : Brandon Lopez
Chauk : Rodolfo Dominguez
Samuel : Carlos Chajon

Synopsis
Originaires du Guatemala, Juan, Sara et Samuel aspirent à une vie meilleure et tentent de se rendre aux États-Unis. Pendant leur périple à travers le Mexique, ils rencontrent Chauk, un indien du Chiapas ne parlant pas l’espagnol et qui se joint à eux. Mais, lors de leur voyage dans des trains de marchandises ou le long des voies de chemin de fer, ils devront affronter une dure et violente réalité.

Diego Quemada-Diez : réalisme et poésie

Dans l’entretien proposé, Diego Quemada-Diez énonce l’ambition de Rêves d’or : rendre compte par une fiction poétique de la condition des migrants qui traversent le Mexique pour passer la frontière des États-Unis. Se fondant sur des centaines de témoignages recueillis pendant six ans, le réalisateur a choisi la fiction pour susciter l’empathie du spectateur, qui accompagne quatre adolescents au cours d’une odyssée dramatique. La reconstruction fictionnelle de la réalité, si elle relève d’une forme de manipulation, ne se justifie, d’après Quemada-Diez, que si elle s’inscrit dans une démarche poétique.

Ressource complémentaire
  Cinématraque : entretien avec Diego Quemada-Diez

Mexique / États-Unis : frontière et migration

La frontière entre les États-Unis et le Mexique mesure environ 3 200 kilomètres, et va de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Elle traverse des régions arides et longe le fleuve Rio Grande sur une partie de son parcours. L’écart de développement économique entre les deux pays comme les conditions de vie difficiles en Amérique centrale (Guatemala, Honduras, Salvador, etc) suscitent un fort courant migratoire vers les États-Unis. Avec 181 millions de personnes l’ayant franchie en 2015 , elle est la frontière la plus empruntée du monde. Fermée par un mur, elle fait l’objet d’une surveillance importante de la part des États-Unis, qui cherchent à limiter l’afflux d’immigrants, comme l’illustre Rêves d’or.

Ressources complémentaires
  Wikipedia : frontière entre États-Unis / Mexique
  Fabien Guillot : Mexique / États-Unis : frontière migratoire
  Le Monde : le viol des migrantes au Mexique
  Persée : le Mexique : pays de transit

Pistes d’observation

Une fiction réaliste
Rêves d’or revendique la restitution authentique de la condition des migrants:
– Relever les épisodes qui témoignent des difficultés de la traversée du Mexique.
– Identifier les aspects documentaires de la mise en scène (décors, cadrages, bande sonore)

Un itinéraire initiatique
Le parcours du personnage de Juan définit un parcours initiatique. Relever les étapes marquantes de son évolution psychologique.

Flocons métaphoriques
Le motif de la neige intervient de manière récurrente dans le film. Relever ces occurrences et interpréter la signification de cet élément.

Une fiction authentique

Rêves d’or exprime de manière réaliste la condition des migrants avec une recherche d’authenticité qui s’inscrit à maints égards dans une démarche documentaire :
– Choix d’acteurs non professionnels issus de quartiers défavorisés du Guatemala ou de la communauté indienne tzotzil. La direction d’acteur laisse une grande place à l’improvisation pour susciter un jeu instinctif.
– Choix de lieux réels pour le tournage et introduction de scènes prises sur le vif (migrants sur les trains).
– Sobriété de la mise en scène : une caméra témoin, à l’épaule, attentive aux personnages.
Ce souci de réalisme est au service d’une éthique revendiquée par le réalisateur : « Tous les éléments formels (image, son, musique…) doivent servir à raconter l’histoire de la façon la plus simple et réelle possible, avec l’intégrité que suppose le souci de donner une voix aux migrants ».

Entre road movie et survival

Le parcours des quatre personnages, scandé par leurs disparitions successives, emprunte à deux genres cinématographiques :
– Le road movie : errance au sein de paysages variés, rencontres imprévues et périlleux obstacles jalonnent un voyage en forme d’itinéraire initiatique douloureux, sanctionné par la perte de l’insouciance, de l’amitié et de l’amour.
– Le survival : les personnages doivent affronter des conditions de voyage éprouvantes et font l’objet d’agressions physiques mettant leur vie en danger : racket de la police mexicaine, enlèvement par les gangs et milices américaines (Minute Men) abattant les clandestins sans sommation à la frontière.
Si les codes propres à ces genres participent à la force émotionnelle du film, ils ont aussi vocation à exprimer une réalité statistique tragique : la plupart des migrants n’arrivent pas aux États-Unis.

L’envers des rêves d’or

Point d’aboutissement du voyage de Juan, la séquence de l’usine de conditionnement de viande permet au spectateur de ressentir l’abîme séparant les rêves américains de Juan d’une réalité d’une violente crudité. L’espace carcéral aux lumières blafardes voué à la découpe mécanique des viandes fonctionne en effet comme un tableau documentaire des conditions de travail réservées aux immigrants et comme métaphore de l’exploitation de ces populations précaires dans la société américaine. La fin de Rêves d’or permet cependant de nuancer la cruelle noirceur de ce constat, dans la mesure où Juan est tout de même parvenu au bout de ce parcours, réalisant le rêve de ses camarades disparus, et en particulier de Chauk dont les rêveries enneigées ont ponctué le récit.

Représentations de la frontière

La frontière États-Unis / Mexique constitue un réservoir inépuisable de fictions. Lieu de passage entre deux territoires et deux cultures, espace de migration et de trafic, elle a donné lieu à de multiples investissements fictionnels, du western à la série Breaking Bad. Ci-contre, trois séquences de films récents proposant des regards variés sur la frontière :
– Desierto (2015) : la course-poursuite de migrants par un tireur isolé
– Babel (2006) : la découverte du Mexique par deux enfants états-uniens.
– Sin Nombre (2009) : l’attaque d’un train de migrants par un gang.

Ressources complémentaires sur

  CNC : livret enseignant sur Rêves d’or
  LAC Auvergne / Rhône-Alpes : ressources pédagogiques
 Transmettre le cinéma : entretien et analyse
 LAC Midi-Pyrénées : conférence du réalisateur