Fiche technique
Titre : Panique
France – 1947 – 1h31
Réalisation : Julien Duvivier
Scénario : Charles Spaak et Julien Duvivier
Interprétation
Michel Simon : M. Hire
Viviane Romance : Alice
Paul Bernard : Alfred
Synopsis
On retrouve le cadavre de mademoiselle Noblet dans un terrain vague. La belle Alice, dont l’amant, Alfred, est en réalité le coupable, fait dévier les soupçons sur monsieur Hire, un homme seul, introverti, bizarre et presque inquiétant. On a tôt fait de désigner Hire comme le coupable.
PRÉPARATION DE LA SÉANCE
Julien Duvivier
Julien Duvivier (1896-1967) est l’une des figures majeures du cinéma français, dont la filmographie alterne drame et film noir avec des incursion dans la comédie et le film à sketches. Dans les années 1930, il s’inscrit pleinement dans le réalisme poétique avec La Belle Équipe (1936), qui illustre les espoirs et désillusions du Front populaire, et Pépé le Moko (1937), chef-d’œuvre du film noir préfigurant le mythe de Gabin en gangster romantique.Exilé à Hollywood pendant la guerre, il réalise Panique (1947) à son retour en France, qui restitue avec une grande noirceur l’atmosphère de l’Occupation et sera très mal accueilli par le public et la critique. Son regard pessimiste sur l’humanité, allié à un grand sens du cadre et de la lumière, fait de lui l’un des cinéastes les plus influents de son époque.
Ciné-club de Caen : biofilmographie de Julien Duvivier

Pistes d’observation
Un récit tragique
Le récit de Panique confronte le personnage à un destin tragique. Relever les éléments du récit qui annoncent la mort inéluctable du personnage.
La satire du conformisme
Le film comporte une critique féroce du conformisme des habitants du quartier. Relever les éléments qui dénoncent la formation de la haine collective contre M. Hire.
L’influence du réalisme poétique
A la lumière du court document vidéo proposé, relevez les éléments qui témoignent de l’influence du réalisme poétique sur le film.
le réalisme poétique en 5 minutes
ANALYSE DU FILM
Un personnage tragique
M. Hire est un personnage à la fois pathétique et tragique, condamné dès le départ par son statut d’étranger à la communauté. Solitaire et misanthrope, il inspire à la fois de la méfiance et de la compassion. Son amour naïf pour Alice, qui le trahit cyniquement, renforce son isolement émotionnel et précipite un destin dont son regard lucide sur la société ne peut le préserver. Cette mécanique tragique est annoncée dès le prologue du film, montrant l’éviction d’un clochard de la place publique, puis développée dans les séquences des auto-tamponneuses et de la chasse à l’homme finale, témoignant de l’engrenage de l’exclusion. Cette impression de fatalité inscrit le film dans l’héritage du réalisme poétique, où les personnages sont prisonniers d’un destin inexorable.
La critique du conformisme
Panique s’impose comme un film à la croisée des genres, à la fois critique sociale et tragédie urbaine, dénonçant une société prompte à la persécution et au rejet de la différence. Les habitants du quartier sont représentés comme un personnage collectif incarnant la paranoïa et l’intolérance dans l’immédiat après-guerre, alors que la France peine à se reconstruire moralement après les années de collaboration et de règlements de comptes. Le film montre ainsi comment une communauté peut basculer dans la persécution irrationnelle et se transformer en tribunal populaire désignant un bouc émissaire sous l’influence de rumeurs malveillantes. Duvivier souligne l’effet de masse par une mise en scène qui oppose souvent M. Hire, isolé dans le cadre, à une foule compacte et hostile, pour rendre visuellement sensible cette pression collective implacable.
Entre réalisme poétique et film noir
Duvivier fusionne deux influences cinématographiques dans majeures dans Panique : le réalisme poétique français et le film noir américain. D’un côté, la représentation d’un quartier populaire ancre le récit dans un réalisme quotidien évoquant le réalisme poétique des années 1930 (Pépé le Moko, Le Jour se lève). De l’autre, la conduite du récit à caractère policier met en scène le destin tragique d’un personnage victime d’une femme fatale, à la fois séduisante et perfide (Assurance sur la mort, Le Faucon Maltais). Le film conjugue donc un regard sur le milieux populaire propre au réalisme poétique et les ressorts dramatiques du film noir en recourant à une lumière très contrastée inspirée par l’expressionnisme allemand, caractéristique commune à ces deux genres cinématographiques.
Ressource complémentaire
Mai-Lie Stark Baelish : histoire du film noir
Ressources complémentaires
CNC : livret enseignant
Transmettre le cinéma : capsules d’analyse du film
LAC Franche-Comté : dossier pédagogique
LAC Auvergne-Rhônes-Alpes : analyse de l’épilogue